Jusqu'à présent, les seuls critères retenus
pour permettre la commercialisation d'un médicament étaient
sa "qualité pharmaceutique", son "efficacité"
et sa "sécurité d'emploi". Pas de changement
dans ce domaine : il n'est toujours pas exigé d'évaluation
clinique comparative, visant à déterminer si le nouveau
médicament apporte un progrès thérapeutique
(alias "valeur thérapeutique ajoutée"),
pour le patient, par rapport aux traitements de référence
déjà disponibles, médicamenteux ou non médicamenteux.
Le besoin de comparaison n'est plus occulté
Le Règlement 2004 prévoit qu' « à
la demande de la Commission », l'Agence européenne
du médicament recueillera « toutes les informations
disponibles sur les méthodes utilisées par les autorités
compétentes des États membres pour déterminer
la valeur thérapeutique ajoutée apportée par
un nouveau médicament » (R article 60). Rien n'est
dit des suites données à cette enquête, mais
son annonce rappelle que les États sont conduits à
pallier les insuffisances de l'AMM pour faire le tri entre les nouveaux
médicaments.
Le concept de "valeur thérapeutique ajoutée"
apparaît aussi au détour d'un article de la Directive
2004 sur la protection des données (D article 10-1), et de
l'article correspondant du Règlement : l'année supplémentaire
de protection au titre d'une nouvelle indication thérapeutique
(lire page 547) sera accordée si cette indication est jugée
« lors de l'évaluation scientifique conduite en
vue de l'autorisation, apporter un bénéfice clinique
important par rapport aux thérapies existantes »
(R article 14-11).
Ainsi, la comparaison des nouveaux médicaments aux traitements
de référence déjà disponibles, réclamée
avec force par différents acteurs des systèmes de
santé, mais repoussée par les firmes pharmaceutiques,
apparaît pour la première fois dans la réglementation
européenne du médicament. Cette comparaison n'est
pas obligatoire avant AMM, mais un petit pas a été
fait dans la bonne direction.
Des essais éthiques quel que soit leur lieu de réalisation
La manière de conduire les essais cliniques pour évaluer
les médicaments n'est pas abordée dans la Directive
et le Règlement 2004 : d'autres textes spécifiques
s'appliquent aux essais, et en particulier la Directive 2001/20/CE
sur les bonnes pratiques dans les essais cliniques. Toutefois un
document important a été ajouté dans la liste
de ceux que doit fournir en Europe un demandeur d'AMM (par procédure
nationale ou par procédure européenne centralisée)
: une « déclaration attestant que les essais cliniques
effectués en dehors de l'Union européenne répondent
(NDLR : comme ceux réalisés dans l'Union) aux exigences
éthiques de la Directive 2001/20/CE » (D article
8-i ter, R article 6-1).
Ainsi les principes de la Directive 2001/20/CE, dont la transposition
en droit français tarde beaucoup, doivent être respectés,
qu'il s'agisse de protection des participants, de comités
d'éthique, de notification des effets indésirables,
même quand l'évaluation d'un médicament destiné
aux Européens se déroule hors d'Europe.
©La revue Prescrire 1er juillet 2004
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