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Les fiches du Collectif Europe et Médicament
 
Pourquoi la procédure d'AMM centralisée est-elle généralisable et sans conséquence négative pour les agences nationales ?
Fiche n°5
12 août 2002

Une évaluation centralisée rigoureuse et transparente des médicaments présents sur le marché européen, et une surveillance accrue de l'utilisation des médicaments à l'échelon des Etats sont nécessaires et indissociables.

Un travail important et complémentaire doit être réalisé à la fois au sein de l'agence centrale et dans les agences nationales.

C'est pourquoi le Collectif Europe et Médicament a déposé sur ce sujet une série d'amendements aux projets de Directive et de Règlement européens sur le médicament.

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L'octroi des autorisations de mise sur le marché (AMM) européennes par la seule procédure centralisée permettrait d'assurer une meilleure harmonisation de l'évaluation, une plus grande transparence des décisions (conformément au Règlement européen 1049/2001) et donc une plus grande confiance des citoyens dans les médicaments ainsi autorisés par l'Agence européenne pour l'évaluation des médicaments (EMEA). L'existence d'une agence centrale européenne performante et transparente, à l'égal de l'agence américaine (FDA), renforcerait en outre l'image des médicaments autorisés en Europe.

La suppression de la procédure non harmonisée et opaque dite "par reconnaissance mutuelle" ne peut certes être décidée brutalement, mais une suppression progressive, sur 5 ans, est envisageable. Elle nécessitera une augmentation des fonds publics accordés pour le fonctionnement de l'agence centrale européenne, mais elle ne mettra en péril ni les petites et moyennes entreprises pharmaceutiques, ni les agences nationales chargées du médicament.

Ainsi, toutes les demandes d'AMM ne nécessitent pas le même travail d'évaluation. Ainsi les demandes concernant des médicaments génériques ne comportent pas de nouvelle évaluation des effets cliniques du médicament chez l'Homme mais seulement des études de bioéquivalence. De même les demandes concernant des médicaments à base de plantes ne comportent pas de nouvelle évaluation clinique si la plante fait partie d'une liste de plantes autorisées pour un usage traditionnel et offrant toutes garanties d'innocuité. Il en va de même pour les médicaments homéopathiques. Les demandes sont aussi simplifiées pour les nouvelles présentations de médicaments déjà existants.

En conséquence, un abaissement des redevances payées par les firmes pharmaceutiques pour l'examen de leurs demandes doit être décidé, tenant compte du travail d'évaluation à réaliser, afin de ne pas pénaliser les firmes qui disposent de moindres moyens.

Les agences nationales aujourd'hui impliquées dans la procédure dite par reconnaissance mutuelle conserveront l'évaluation des demandes d'autorisation de mise sur le marché exclusivement nationales. Elles pourront consacrer plus de moyens à la mise en œuvre d'une pharmacovigilance active, à une surveillance plus systématique des nombreuses infractions à la réglementation sur la publicité pharmaceutique, à une inspection plus régulière des établissements pharmaceutiques, des essais cliniques en cours dans le pays, etc. Enfin certains cadres de ces agences pourront se voir proposer des postes à l'agence centrale européenne.

Imaginons il y a un an l'octroi d'une AMM à la cérivastatine (STALTOR°) de la firme Bayer selon une procédure centralisée bien transparente menée au niveau de l'Agence européenne. Imaginons aussi, des agences nationales plus disponibles pour assurer la surveillance des effets indésirables et le contrôle des débordements promotionnels qui ont conduit à une prescription rapidement massive de cette toute nouvelle statine aux effets encore mal connus. Ainsi organisés, peut-être aurait-on évité une crise grave.