Deux chercheurs pharmacologues ont analysé
les données d'évaluation de tous les anticancéreux
autorisés par l'Agence européenne du médicament
depuis sa création : les vrais progrès thérapeutiques
sont rares ; l'augmentation des coûts de traitement est
considérable. L'ensemble de la classe devrait être
réévaluée régulièrement.
Les grands
progrès de ces dernières années en cancérologie
sont surtout liés à une meilleure prévention,
à un dépistage précoce de lésions opérables,
et dans de rares domaines à des médicaments. Mais
dans l'ensemble, l'apport des médicaments anticancéreux
est très modeste.
Les
médicaments anticancéreux autorisés en Europe
sur avis favorable de l'Agence européenne du médicament
depuis la création de cette dernière en 1995 ne sont
pas à la hauteur des espoirs suscités par les nouvelles
connaissances sur les cellules cancéreuses, leur prolifération
et leur dissémination.
Pour
bénéficier rapidement d'une autorisation de mise sur
le marché, ces nouveaux médicaments sont souvent proposés
comme des traitements de deuxième voire de troisième
intention dans des cancers rares ; puis leurs utilisation s'élargit
en pratique, sans forcément faire l'objet d'une nouvelle
évaluation.
Ces
médicaments sont souvent évalués dans de petites
études (dites de phase II) qui visent à démontrer
leur équivalence ou leur non infériorité aux
traitements de référence, alors qu'il faudrait évaluer
s'ils apportent des avantages supplémentaires. Bien qu'ils
n'apportent pas d'amélioration démontrée en
termes de survie, de qualité de vie, ou de sécurité,
ces nouveaux médicaments ont des prix beaucoup plus élevés
que ceux des traitements de référence (*).
©Collectif Europe et médicament 15
octobre 2002
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(*) Les auteurs ont étudié les 12 nouveaux médicaments
anticancéreux autorisés en Europe entre 1995 et 2000.
Leurs prix sont de 3 fois à 350 fois plus élevés
que ceux des traitements de référence.
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Référence
Garattini S et Bertele V "Efficacy, safety and cost of new
anticancer drugs" British Medical Journal 2002 ; 325 :
269-271.
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