Revue Prescrire, article en une, suite, Europe et médicament octobre 2002 (5)
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La réévaluation régulière des médicaments est indispensable
 
L'exemple des médicaments anticancéreux est frappant.
 
15 octobre 2002

L'évaluation clinique devrait être conçue pour rechercher quels sont les avantages d'un traitement pour les patients.

Si l'on veut que les futurs médicaments, anticancéreux et autres, apportent un réel bénéfice, les agences du médicament devraient exiger des essais comparatifs contre traitements de référence, et réévaluer régulièrement l'apport des nouveaux médicaments.

Collectif Europe et médicament
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Deux chercheurs pharmacologues ont analysé les données d'évaluation de tous les anticancéreux autorisés par l'Agence européenne du médicament depuis sa création : les vrais progrès thérapeutiques sont rares ; l'augmentation des coûts de traitement est considérable. L'ensemble de la classe devrait être réévaluée régulièrement.

Les grands progrès de ces dernières années en cancérologie sont surtout liés à une meilleure prévention, à un dépistage précoce de lésions opérables, et dans de rares domaines à des médicaments. Mais dans l'ensemble, l'apport des médicaments anticancéreux est très modeste.

Les médicaments anticancéreux autorisés en Europe sur avis favorable de l'Agence européenne du médicament depuis la création de cette dernière en 1995 ne sont pas à la hauteur des espoirs suscités par les nouvelles connaissances sur les cellules cancéreuses, leur prolifération et leur dissémination.

Pour bénéficier rapidement d'une autorisation de mise sur le marché, ces nouveaux médicaments sont souvent proposés comme des traitements de deuxième voire de troisième intention dans des cancers rares ; puis leurs utilisation s'élargit en pratique, sans forcément faire l'objet d'une nouvelle évaluation.

Ces médicaments sont souvent évalués dans de petites études (dites de phase II) qui visent à démontrer leur équivalence ou leur non infériorité aux traitements de référence, alors qu'il faudrait évaluer s'ils apportent des avantages supplémentaires. Bien qu'ils n'apportent pas d'amélioration démontrée en termes de survie, de qualité de vie, ou de sécurité, ces nouveaux médicaments ont des prix beaucoup plus élevés que ceux des traitements de référence (*).

©Collectif Europe et médicament 15 octobre 2002
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(*) Les auteurs ont étudié les 12 nouveaux médicaments anticancéreux autorisés en Europe entre 1995 et 2000. Leurs prix sont de 3 fois à 350 fois plus élevés que ceux des traitements de référence.
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Référence
Garattini S et Bertele V "Efficacy, safety and cost of new anticancer drugs" British Medical Journal 2002 ; 325 : 269-271.