Revue Prescrire, article en une, Europe codécision octobre 2002
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Europe et médicament : la procédure de codécision en bref
 
L'élaboration de la législation communautaire a été conçue sur des principes simples : la Commission européenne élabore les projets de textes ; le Conseil des ministres se concerte sur ces projets et demande l'avis du Parlement afin que les projets tiennent compte des intérêts des populations. Dans certains domaines, aujourd'hui les plus nombreux, l'adoption des textes requiert une codécision du Parlement et du Conseil des ministres.
 
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22 octobre 2002 : séance plénière du Parlement à Strasbourg

2 décembre 2002 : Conseil des ministres de la santé européens

Texte adopté si le Conseil des ministres accepte tous les amendements proposés par le Parlement. Sinon, deuxième, voire troisième lecture (Lire ci-contre).

Adoption définitive : courant 2003, voire 2004

La procédure de codécision a été instituée par le traité de Maastricht (article 251). Elle confère un même poids au Conseil des ministres et au Parlement : il est indispensable pour les deux parties d'aboutir à un accord si elles ne veulent pas que le processus législatif avorte et que le projet soit abandonné.

La codécision est devenue aujourd'hui de loin la procédure la plus employée. Depuis le traité d'Amsterdam, la procédure dite de coopération (où le Conseil des ministres, à l'unanimité, peut passer outre l'avis du Parlement) ne concerne plus que certains aspects liés à l'Union économique et monétaire. Tout ce qui touche notamment à la santé publique, aux consommateurs, au marché intérieur, et donc les textes actuellement en discussion sur le médicament, relèvent de la codécision.

La codécision comprend les étapes suivantes :

Première lecture
Le Parlement délibère sur une proposition de la Commission européenne sur laquelle s'est prononcée le cas échéant (c'est le cas pour les deux textes en discussion sur le médicament), la Commission parlementaire concernée (ici Environnement-Santé). Le Parlement transmet son avis au Conseil des ministres. À ce stade, le Conseil économique et social (CES) et le Comité des régions peuvent émettre un avis (ce qu'a fait le CES sur le médicament).
Si le Parlement n'apporte aucune modification à la proposition, ou si le Conseil des ministres accepte tous les amendements proposés par le Parlement, le Conseil peut adopter le texte dès ce stade de la procédure. Dans le cas contraire, il y a deuxième lecture.

Deuxième lecture
Le Conseil des ministres arrête sa position commune à la majorité qualifiée (62 voix sur 87, soit 71 % des voix (*)). Cette position est présentée en deuxième lecture au Parlement qui a trois possibilités :

• Si le Parlement approuve la position commune du Conseil, ou ne se prononce pas dans les trois mois, la position est adoptée ;

• Si le Parlement rejette l'ensemble de la position du Conseil, à la majorité absolue des membres du Parlement, la procédure législative est close et le projet abandonné ;

• Si le Parlement apporte des amendements à la position du Conseil, la procédure continue comme suit :
- le Conseil peut approuver en adoptant tous les amendements proposés par le Parlement ;
- le Conseil peut rejeter certains amendements ou ne pas atteindre la majorité requise pour d'autres; son Président convoque alors, en accord avec le Président du Parlement, le Comité de conciliation (15 représentants du Conseil et 15 du Parlement) qui cherche à aboutir à un compromis qui obtienne la majorité requise dans les deux instances. Le compromis part alors en "troisième lecture".

Troisième lecture

Parlement et Conseil disposent de six semaines pour se prononcer sur le compromis. Pour que le texte soit adopté, il faut qu'il obtienne au Conseil la majorité qualifiée, et au Parlement la majorité absolue des voix exprimées.
Si la procédure de conciliation échoue, la procédure législative est close.

©Collectif Europe et médicament 15 octobre 2002

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(*) Nombre de voix attribué à chacun des États membres lors des votes du Conseil : Allemagne, France, Italie et Royaume-Uni, 10 ; Espagne, 8 ; Belgique, Grèce, Portugal et Pays-Bas, 5 ; Autriche et Suède, 4 ; Danemark, Irlande et Finlande, 3 ; Luxembourg, 2.
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Sources utilisées
1- "L'Europe je veux savoir" Éditions Luc Pire et Parlement européen, Bruxelles 2001 : 175 pages.
2 - "L'ABC du droit communautaire" Commission européenne, Direction Générale Éducation et Culture, Bruxelles : 115 pages.
3 - "Glossaire Scadplus" Site internet http://europa.eu.int.