Revue Prescrire, article en une, douve du foie fasciolase avril 2006
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Fasciolase (douve du foie) : prévention d'abord
 
Gare au cresson sauvage
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Fasciolase : prévention d'abord
Rev Prescrire 2006 ; 26 (271) : 290-292.
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La fasciolase alias distomatose (hépatobiliaire) est une parasitose contractée à la suite de la consommation de végétaux aquatiques crus contaminés, en particulier le cresson sauvage.

La fasciolase est due à un ver rangé parmi les trématodes : Fasciola hepatica (alias grande douve du foie) et plus rarement Fasciola gigantica (alias douve géante du foie). Le cycle parasitaire fait intervenir : des hôtes définitifs, des herbivores, qui s'infestent en broutant des végétaux contaminés par des larves enkystées, et qui libèrent des œufs dans les fèces : un hôte intermédiaire spécifique, une limnée, petit escargot d'eau douce nécessaire pour la réception de l'embryon issu de l'éclosion des œufs et qui libère la larve (cercaire) qui s'enkyste sur les végétaux aquatiques ou en zone inondable (cresson, mâche, pissenlit). L'Homme est un hôte accidentel.

En France métropolitaine, le nombre de cas de fasciolase humaine a été estimé à quelques centaines par an.
En l'absence de traitement, l'infection évolue en trois phases distinctes : après une phase d'incubation d'une quinzaine de jours, la phase d'invasion par le parasite dure environ 3 mois, avec pour symptômes classiques fièvre, diarrhées et douleurs abdominales. La phase chronique, plus insidieuse, aboutit à l'obstruction biliaire avec des crises intermittentes d'angiocholite et de cholécystite. La mort est rare et en rapport avec des complications hépatiques.

Divers traitements à visée curative ont été testés, puis abandonnés faute d'efficacité suffisante ou en raison d'effets indésirables sévères. En France, 2 substances sont commercialisées pour le traitement de la fasciolase : le bithionol sous autorisations temporaires d'utilisation (ATU) nominatives, et le triclabendazole, avec une autorisation de mise sur le marché (AMM). Leurs dossiers d'évaluation clinique reposent sur des essais non comparatifs et des séries de cas. Cependant celui du triclabendazole est plus solide.

En pratique, compte tenu d'une efficacité curative de l'ordre de 80 %, d'effets indésirables fréquents mais peu sévères, du risque d'interactions médicamenteuses moindre, et d'un schéma d'administration plus simple, en 1 ou 2 prises par voie orale, le triclabendazole est à proposer en premier choix dans le traitement curatif de la fasciolase ; le bithionol est à utiliser en seconde intention. Le mieux reste la prévention, par la non-consommation de végétaux aquatiques sauvages crus, et le contrôle sanitaire des végétaux du commerce.

©La revue Prescrire 15 avril 2006
Rev Prescrire 2006 ; 26 (271) : 290-292.