Le diabète
de type 2 est une maladie fréquente, aux complications graves. En 2002,
les thiazolidinediones, alias glitazones, se sont ajoutées à une
offre déjà étendue d'antidiabétiques oraux : biguanides,
sulfamides hypoglycémiants, méglitinides (alias glinides), inhibiteurs
des alpha-glucosidases ; sans compter l'insuline qui est parfois une bonne alternative
au traitement oral.
Au
fil des années, leur profil d'effets indésirables s'est alourdi,
avec notamment des dèmes maculaires avec une baisse de l'acuité
visuelle ; et une augmentation de l'incidence des fractures distales (avant-bras,
poignets, mains, jambes, pieds) chez les femmes, chiffrée à environ
1 fracture supplémentaire pour 100 femmes par an (1à6). Des données
inquiétantes suggèrent avec la rosiglitazone une augmentation de
l'incidence des infarctus du myocarde (7) ; et avec la pioglitazone, une augmentation
des cancers de la vessie (8). Mais
au 25 mars 2007, le seul essai ayant évalué une glitazone sur des
critères cliniques de jugement chez les patients diabétiques de
type 2, l'essai dit "Proactive", avec la pioglitazone, n'a pas eu de
résultats réellement favorables (9). Pour
autant, l'Agence européenne du médicament ne juge toujours pas défavorable
la balance bénéfices-risques de ces substances ! Pire, elle encourage
une utilisation encore plus large, d'une part en autorisant les firmes à
commercialiser d'autres associations à doses fixes glitazone + autre antidiabétique
oral (lire page 332 et ci-contre), et d'autre part en autorisant des associations
triples, d'abord autour de la rosiglitazone, puis autour de la pioglitazone (3,10).
En pratique, les patients
et les soignants ont intérêt à se passer des glitazones. Les
antidiabétiques oraux à utiliser en première intention restent
la metformine en cas de surpoids, et le glibenclamide sinon. Et quand ils ne conviennent
pas, mieux vaut réviser soigneusement les objectifs glycémiques,
et parfois envisager l'insuline (11). ©La revue
Prescrire 1er mai 2007 Rev Prescrire 2007 ; 27 (283) : 333. _________
Références 1- Prescrire Rédaction
"rosiglitazone-Avandia°, pioglitazone-Actos°. Deux nouveaux antidiabétiques
oraux trop peu évalués" Rev Prescrire 2002 ; 22 (231) : 569-577
+ (232) : II de couv. 2- Prescrire Rédaction "pioglitazone-Actos°,
rosiglitazone-Avandia°. En monothérapie de deuxième ligne :
non justifiée par l'évaluation clinique" Rev Prescrire 2005
; 25 (259) : 175-179. 3- Prescrire Rédaction "pioglitazone-Actos°,
rosiglitazone-Avandia°, rosiglitazone + metformine-Avandamet°. Glitazone
+ antidiabétique oral : des associations encore trop peu évaluées"
Rev Prescrire 2005 ; 25 (260) : 245-253. 4- Prescrire Rédaction "Glitazones
et dèmes maculaires" Rev Prescrire 2006 ; 26 (272) : 343. 5-
Takeda "Observation of an increased incidence of fractures in female patients
who received long-term treatment with Actos° (pioglitazone HCl) tablets for
type 2 diabetes mellitus" March 2007 : 2 pages. 6- GlaxoSmithKline "Augmentation
de l'incidence des fractures chez les patientes traitées au long cours
par rosiglitazone (Avandia°)" Mars 2007 : 2 pages. 7- Prescrire Rédaction
"Diabète de type 2 : pas de glitazones en première ligne"
Rev Prescrire 2007 ; 27 (281) : 213. 8- Prescrire Rédaction "Glitazones
: cancers de la vessie et autres" Rev Prescrire 2007 ; 27 (280) : 108. 9-
Prescrire Rédaction "pioglitazone en prévention cardiovasculaire
secondaire : pas de bénéfice clinique" Rev Prescrire 2005 ;
25 (267) : 851-852. 10- European Medicines Agency "Committee for medicinal
products for human use post-authorisation summary of positive opinion for Actos"
21 September 2006 : 1 page. 11- Prescrire Rédaction "L'insuline,
une alternative parfois utile à proposer pour le diabète de type
2. Malgré une évaluation limitée, sur des critères
intermédiaires de jugement" Rev Prescrire 2005 ; 25 (261) : 355-362. |