Revue Prescrire, article en une, chemin d'une synthèse Prescrire mai 2003
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Le chemin d'un article de la revue Prescrire
 
Dans la revue Prescrire, la mise au point des articles suit une chaîne de rédaction collective complexe qui a été mise en place au fil des années. Les articles publiés dans la revue sont conçus et réalisés par son équipe de Rédaction.
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Relecteurs de la revue Prescrire

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"Ours" du dernier numéro de la revue Prescrire paru (pdf, 58 Ko)
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Un travail d'équipe
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Le rédacteur, membre d'une équipe
Une chaîne de rédaction collective
Des groupes de relecture nombreux et multidisciplinaires
Réécriture et contrôles de qualité : toujours collectifs
Une signature collective
L'efficacité de l'élaboration collective a un coût

La "presse médicale" comprend des publications dont les financements, les objectifs et les procédures sont très disparates. Il est classique de distinguer au minimum les revues de formation continue (telles que la revue Prescrire), les revues de publications de comptes rendus de recherche, alias revues de publications primaires (telles que The Lancet), et les journaux d'informations professionnelles et publicitaires (tels que le Quotidien du médecin).

Ces différentes publications ont des procédures de rédaction fondamentalement différentes. Dans les journaux d'informations professionnelles, de nombreux articles découlent directement de communiqués de presse ou de conférences de presse de tel ou tel groupe d'intérêts (syndicat professionnel, industriel, administration, etc.).
Dans les revues de publication primaires, en général, des auteurs externes soumettent un manuscrit ; des "editors" (rédacteurs) réalisent un premier tri ; quelques "reviewers" ou "referees" (réviseurs, en français), spécialistes du sujet traité, donnent leur avis sur la qualité du manuscrit et l'opportunité d'une publication, moyennant certaines corrections.

Dans la revue Prescrire, la mise au point des articles suit une chaîne de rédaction collective complexe qui a été mise en place progressivement au fil des années. Les articles publiés dans la revue sont, en règle générale, conçus et réalisés par sa propre équipe de Rédaction (seuls certains articles de "Position" de la rubrique "Ouvertures" et la majorité de ceux de la rubrique "Forum" sont rédigés par des personnes extérieures à la Rédaction).


Le rédacteur, membre d'une équipe


La chaîne de rédaction de la revue Prescrire s'appuie sur quatre séries d'acteurs : les rédacteurs, les documentalistes, les relecteurs, les contrôleurs de qualité.
Les rédacteurs de la revue Prescrire sont médecins, pharmaciens, infirmiers, dentiste. La plupart sont praticiens en activité clinique pour une grande partie de leur temps de travail. Ils ont tous été longuement formés en interne à la mise au point des articles publiés par la revue.

Quelle que soit leur expérience professionnelle préalable, les candidats à l'intégration dans l'équipe de Rédaction de la revue Prescrire suivent un stage de 6 mois environ, qui conjugue la relecture critique de projets d'articles et l'apprentissage des conventions et méthodes internes de la Rédaction. Ils font ensuite leurs premières armes en tant que rédacteur "junior", encadré par un rédacteur "tuteur", leurs premiers articles étant souvent des articles courts, destinés aux rubriques "Repères" ou "En Bref". Pour devenir "senior", 2 à 3 ans d'écriture sous tutorat sont habituellement nécessaires.

C'est parmi les rédacteurs seniors que s'opèrent la formation et le recrutement des responsables de rubriques, des rédacteurs en chef et du directeur de la Rédaction.

La revue Prescrire a constaté au fil des années la difficulté à travailler avec des auteurs externes. Ses procédures d'écriture sont spécifiques et exigeantes ; elles nécessitent à la fois compétence technique (connaissances à jour, capacité d'analyse critique de la documentation, etc.), ouverture aux critiques d'autrui et savoir-faire particulier nécessitant un véritable apprentissage et un travail sur la durée. Aujourd'hui, l'écriture d'un projet d'article par un auteur extérieur à la Rédaction de la revue est devenue exceptionnelle.

Une chaîne de rédaction collective


Le choix des projets d'articles est réalisé collectivement par les rédacteurs, encadrés par les responsables de rubriques, les rédacteurs en chef et le directeur de la Rédaction, lors de réunions de la Rédaction. Ces réunions permettent d'établir une liste de thèmes retenus selon leur pertinence pour les praticiens ; de décrire les premières orientations rédactionnelles ; de définir les premiers axes de la recherche documentaire (principales sources envisagées) ; et de désigner un rédacteur responsable et un (ou plusieurs) rédacteur(s) référent(s) pour chaque projet d'article.

Chaque projet d'article fait ensuite l'objet d'un "calage" qui en précise les objectifs, les limites et les contraintes. Une "feuille de calage" est rédigée par le rédacteur responsable du projet d'article : il y rappelle notamment les objectifs assignés à l'article et les questions auxquelles l'article tentera de répondre ; les points qui ne seront délibérément pas abordés ; les principales orientations documentaires envisagées ; des propositions de relecteurs spécifiques. Cette feuille de calage est commentée par d'autres rédacteurs, dont le "rédacteur référent" choisi en fonction du thème du projet d'article. Le rédacteur responsable peut ainsi affiner le calage initial.

Le rédacteur responsable prépare sa demande de recherche documentaire mise en œuvre au sein du Centre de documentation Prescrire (qui applique des procédures de recherche prospective et rétrospective de la documentation publiée et non publiée). Puis il rédige la première "mouture" du projet d'article.

Ce texte est soumis au rédacteur référent chargé d'en discuter le plan, de vérifier la bonne intelligibilité et la cohérence des arguments et la valeur de la bibliographie, d'aider à mieux séparer faits établis et hypothèses, de demander des corrections ou des compléments, etc.

C'est la version issue du travail du binôme rédacteur responsable-rédacteur référent qui est communiquée au responsable de rubrique concerné (avec la feuille de calage, le plan de recherche documentaire, l'ensemble des références utilisées (et celles fournies par le Centre de documentation mais non utilisées) et les différentes moutures préparatoires). Le responsable de rubrique réalise un premier contrôle de l'article, références en main, et apporte les corrections nécessaires. Il donne finalement son accord pour soumission du projet d'article au contrôle de qualité externe réalisé par les groupes de relecture.


Des groupes de relecture nombreux et multidisciplinaires


Le projet d'article est soumis, de manière anonyme, à un groupe de relecture chargé de critiquer le fond (fiabilité, actualité, adaptation à la pratique, etc.) et la forme (structure, syntaxe, lisibilité, etc.).

Les groupes de relecture, composés de 10 à 40 personnes selon la nature et l'ampleur du projet d'article, sont constitués "sur mesure" pour chaque article. Les relecteurs appartiennent à trois catégories complémentaires : des professionnels extérieurs à la Rédaction spécialisés dans le sujet abordé, des méthodologistes, des praticiens représentatifs du lectorat de la revue (notamment médecins et pharmaciens, généralistes et spécialistes, de ville ou hospitaliers). Des membres de la Rédaction complètent les groupes de relecture, pour leur expertise propre et pour la bonne coordination entre les rubriques.

Le nombre de personnes impliquées dans la relecture des articles de la revue Prescrire est exceptionnel. De nombreuses revues de formation continue affichent un "comité scientifique" ou un "comité de parrainage" qui sont souvent honorifiques, et non actifs. Dans les revues de publications primaires, la critique des manuscrits soumis est réalisée par des "reviewers" (système du "peer review", alias la relecture par les pairs en français) en nombre limité, souvent deux seulement par article.


De par le monde, seules quelques revues d'informations critiques sur les médicaments ont des procédures de relecture proches de celle de la revue Prescrire, et recourrent à un nombre de relecteurs comparable à celui de la revue Prescrire.

La liste des relecteurs extérieurs à la Rédaction qui ont contribué à un ou plusieurs articles contenus dans un numéro de la revue Prescrire est publiée dans l'"ours", en page II de couverture de la revue (sauf ceux des relecteurs ayant souhaité garder l'anonymat).

La revue Prescrire ne recourt pas aux spécialistes hospitalo-universitaires pour l'écriture de ses articles. Ces spécialistes d'un sujet donné ont par contre une place précieuse dans les groupes de relecture de la revue, où leur apport se révèle souvent précieux.


Réécriture et contrôles de qualité  : toujours collectifs


Le rôle des relecteurs des projets d'articles dans la qualité finale des articles publiés par la revue Prescrire est variable. Il peut paraître modeste lorsque le projet d'article soumis à relecture est déjà très abouti (la confirmation de la qualité du texte est cependant essentielle). Il peut être plus important voire décisif, notamment pour des articles longs et complexes ou sur des sujets controversés, pour lesquels les données sont éparses et difficilement accessibles.

La qualité de la relecture dépend aussi, bien entendu, des relecteurs, de leur compétence actualisée, de leur disponibilité et de leur esprit critique. L'apport des relecteurs est analysé par les rédacteurs, pour chaque article, prenant en compte l'ampleur de leurs remarques sur la forme et sur le fond.

Les relecteurs spécialisés qui ne renvoient jamais ou très rarement leurs remarques, qui se contentent de critiques non argumentées ou dont l'apport est limité ou non pertinent, sont écartés. Au contraire, les relecteurs spécialisés sont régulièrement sollicités dès lors qu'ils sont régulièrement pertinents et constructifs, en fournissant des références précises à l'appui de leurs arguments, en détectant des erreurs importantes, etc.

Les relecteurs praticiens issus du lectorat de la revue sont régulièrement renouvelés, notamment pour permettre d'accueillir des "regards neufs" et soulager ceux qui ont déjà beaucoup relu.

Les remarques du groupe de relecture permettent au rédacteur responsable (qui dispose à nouveau de l'ensemble du dossier) d'établir une mouture réécrite de l'article, après mise à jour de la documentation.

Cette mouture réécrite est ensuite de nouveau contrôlée, ensemble du dossier en main, par le responsable de rubrique puis le rédacteur en chef concerné, qui dispose en outre d'une relecture du directeur de la Rédaction et du rapport d'une personne chargée du contrôle interne de qualité. Cette dernière personne est spécifiquement chargée, avant mise en page et "bon à monter", de vérifier le libellé des références, l'adéquation du texte au contenu des références, l'exactitude des citations, l'absence de contradiction entre le texte, les tableaux, les notes et les encadrés, les divers chiffres (prix, effectifs, pourcentages, etc.).

Pour finir, un correcteur final chasse, sur le texte mis en page, d'ultimes "coquilles", fautes d'orthographe résiduelles, etc. Le directeur de la Rédaction peut ensuite donner son accord pour inclure l'article dans le numéro à imprimer.


Une signature collective

Le choix du mot "rédacteur" à la place de celui d'auteur a pour but de souligner le caractère collectif de l'élaboration des articles de la revue Prescrire, qui ne sont en rien des "avis d'auteur". Pour la même raison, les articles comportent une signature collective, le plus souvent : "©LRP" ou "Synthèse élaborée collectivement par la Rédaction de la revue Prescrire".

Comme tout ce qui concerne la revue Prescrire, la signature des articles fait l'objet de beaucoup d'attention et de réflexion. Les conventions à ce sujet ont évolué avec le temps. Au début des années 1980, lors de la création de la revue Prescrire, l'intention de l'équipe de Rédaction était de ne publier que des articles non signés, afin d'en souligner l'élaboration collective. Mais très vite s'est posée la question de la motivation à l'écriture des auteurs, en particulier hospitalo-universitaires.

Aussi, pendant longtemps, une signature nominale plus ou moins détaillée a été adoptée : nom de l'auteur de la première mouture des projets d'articles pour les rubriques de "Synthèses", "Notes de lecture" et les "Éditoriaux" ; maintien de la règle d'anonymat pour les rubriques "Rayon des nouveautés" et "Vigilance", dans le but de souligner l'élaboration collective, mais aussi de protéger les rédacteurs vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique.

Au fil des années, l'élaboration collective des articles de la revue Prescrire s'est considérablement étoffée, et le système de signatures nominales est devenu à la fois injuste pour la majorité des contributeurs et source de confusion pour les lecteurs. Aussi, depuis l'automne 1996, les conventions de signatures ont été modifiées, de façon à souligner clairement le caractère collectif, pluridisciplinaire, prolongé, contrôlé et donc exceptionnel de la mise au point des articles de la revue Prescriree.

Le symbole ©LRP indiqué à la fin des articles reflète bien l'ensemble des garanties apportées par toute une équipe et en dernier ressort par son responsable, le directeur de la Rédaction.

La liste des personnes constituant l'équipe de Rédaction, et plus généralement de toutes celles qui ont participé à la mise au point de chaque numéro est publiée dans l'"ours" de la revue.


L'efficacité de l'élaboration collective a un coût


La chaîne de rédaction collective de la revue Prescrire représente une procédure complexe et exigeante. Elle a pour objectif d'assurer la publication d'articles fiables, adaptés aux besoins des lecteurs et à jour.

Cette chaîne a un coût en termes de délais. Le bon déroulement des différentes étapes de cette chaîne nécessite des délais incompressibles entre la commande d'un article et sa publication : plusieurs mois, difficilement réduits à quelques semaines en cas d'urgence.

Cette chaîne a aussi un coût en termes financiers et humains, dû aux recherches documentaires approfondies, aux frais de logistique (circulation des différentes moutures, circuits de relecture, etc.), au temps de formation et à la rémunération de l'ensemble des documentalistes, rédacteurs, relecteurs externes et contrôleurs de qualité.

Ce coût financier, intégralement supporté par les abonnés de la revue Prescrire, tous payants (voir les comptes de la revue publiés chaque année dans le numéro de mars), est à rapporter à son résultat : la garantie d'une information la plus fiable possible

 

© La revue Prescrire 20 mai 2003