Revue Prescrire, article en une, Programmes d'"accompagnement" des patients par le firmes : l'IGAS doit être entendue e, mars 2008
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Programmes d'"accompagnement"
des patients par les firmes :
l'IGAS doit être entendue

   
Malgré l'opposition de la société civile qui avait conduit le gouvernement à retirer en février 2007 un projet de loi qui prévoyait de légaliser, en France, les programmes industriels dits d'"aide à l'observance", une nouvelle proposition de loi sur ces programmes est en cours d'élaboration. Le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur le sujet vient d'être rendu public.
Pour en savoir plus
 

Programmes "d'accompagnement" des patients par
les firmes pharmaceutiques :
non merci !

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Mainmise des firmes pharmaceutiques sur l'information-santé en Europe
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Programmes industriels "d'observance" : sans justification médicale
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Rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS)
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Dans le cadre d'une stratégie commerciale mondiale, les firmes pharmaceutiques souhaitent voir légaliser, en France, leurs programmes dits d'"aide à l'observance" ou encore "d'accompagnement des patients".

En février 2007, le gouvernement a retiré un projet en ce sens, suite à l'opposition de l'ensemble de la société civile : associations de patients, syndicats de médecins, de pharmaciens, d'infirmiers, ordres professionnels, organisations de consommateurs, responsables d'institutions de santé publique, organismes mutualistes et d'assurance maladie, députés et sénateurs de la majorité comme de l'opposition, etc.

Un sénateur a été chargé de faire une nouvelle proposition de loi sur ces programmes. Le ministre de la santé de l'époque, Xavier Bertrand, avait également missionné l'IGAS (inspection générale des affaires sociales) pour réaliser un rapport sur ce sujet, terminé en juillet 2007. Il vient seulement d'être rendu public par la ministre de la santé Roselyne Bachelot.

Les auteurs du rapport de l'IGAS se sont livrés à une analyse très documentée des programmes d'aide à l'observance, notamment ceux des firmes. Leurs conclusions sont claires :
• les motivations commerciales des firmes sont trop évidentes pour que leur soit laissée la latitude d'approcher les patients, sous prétexte "d'aide à l'observance" ;
• l'interdiction de tout contact direct et indirect des firmes avec les patients doit être fermement maintenue ; la France devrait défendre cette interdiction en Europe ;
• les programmes d'aide à l'observance des firmes devraient être interdits, y compris ceux qui existent actuellement en France.

Ces programmes constituent en effet une forme déguisée de publicité directe auprès du public pour des médicaments de prescription et sont avant tout guidés par des considérations économiques : la "fidélisation" des patients permet d'augmenter le volume des ventes. Ils concernent très souvent des médicaments à balance bénéfices-risques défavorable, ou insuffisamment évalués, ou pour lesquels il existe des médicaments qui leurs sont préférables (plus pratiques, mieux tolérés, moins coûteux).

Les auteurs de l'IGAS soulignent par ailleurs l'absence de liens entre les programmes d'observance actuellement en cours en France et les plans de gestion des risques demandés par les agences du médicament française et européenne, ce qu'a confirmé l'agence européenne elle-même.

Le Collectif Europe et Médicament alerte depuis plusieurs mois sur les dangers de l'intervention des firmes pharmaceutiques auprès des patients. Il se félicite que l'IGAS arrive au même constat par ses propres moyens.

Le Collectif Europe et Médicament s'alarme d'une déclaration de Mme Bachelot devant les députés le 5 février dernier, selon laquelle « la mise en place de tels programmes à destination des patients et financés par l'industrie pharmaceutique pourrait permettre d'assurer une meilleure prise en charge » des patients. Cette position ne semble prendre en compte ni le débat national sur le sujet au début de 2007, ni le rapport de l'IGAS.

Quelles que soient les mesures d'encadrement de ces programmes, ces mesures contribueront à légitimer l'intervention des firmes, ou de leurs prestataires, auprès des patients, et ne permettront pas d'éviter les dérives.

Le Collectif Europe et Médicament compte sur les sénateurs et les députés pour prendre pleinement en compte les analyses et les recommandations de l'IGAS. Les patients doivent continuer à se soigner sereinement, avec l'aide des professionnels de santé, de leur entourage, et d'autres malades concernés, sans pression d'origine commerciale.

©Collectif Europe et Médicament 1er mars 2008