Revue Prescrire, article en une, aide médicale d'Etat juin 2004
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Réforme de l'aide médicale d'État : la santé sacrifiée
 
L'aide médicale d'État concerne essentiellement les personnes de nationalité étrangère résidant en France en situation irrégulière.
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Soins aux étrangers. L'aide médicale d'état
et ses exclus

Rev Prescrire 2004 ; 24 (251) : 464-468.
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Réforme de l'aide médicale d'État : la santé sacrifiée
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De nombreuses associations ont protesté contre la réforme de l'aide médicale d'État, et ont prédit une "catastrophe sanitaire". Cette appréciation ne repose pas sur une base idéologique, mais sur des données précises et connues comme celles analysées notamment dans plusieurs rapports de l'Institut de veille sanitaire (InVS).

Un rapport de l'InVS souligne par exemple que le nombre de nouveaux cas de sida augmente depuis 1999 parmi la population originaire d'Afrique subsaharienne. Une enquête réalisée auprès de cette population montre une précarité importante, heureusement limitée par la couverture médicale universelle et l'aide médicale d'État. Les auteurs craignent que les modifications de l'aide médicale d'État ne " mettent en péril cette situation "

La tuberculose touche tout particulièrement la population étrangère. Une étude réalisée en Île-de-France a montré que 19 % des malades ayant débuté un traitement contre la tuberculose en 2001 étaient bénéficiaires de la couverture médicale universelle ou de l'aide médicale d'État. Maladie liée à une " dégradation des conditions économiques et sociales ", la tuberculose ne peut que s'étendre quand cette dégradation s'accentue.

Les populations migrantes sont à haut risque de maladies infectieuses graves, mais aussi à haut risque d'accouchement prématuré, de malnutrition, etc. Ces éléments peuvent en soi expliquer une consommation hospitalière plus élevée que celle de la population générale. Mais des facteurs sociaux s'y surajoutent. On ne renvoie pas au bout de quelques jours à "son domicile" une femme qui vient d'accoucher, lorsque ce "domicile" est une bouche de métro… Les hospitalisations ont donc tendance à se prolonger.

Les économies marginales espérées en sacrifiant l'accès aux soins d'une population parmi les plus démunies et les plus fragiles en France risquent fort d'être rapidement englouties dans des dépenses générées par les retards de soins et les contaminations consécutives, qu'il faudra bien soigner un jour ou l'autre.

©La revue Prescrire 15 juin 2004
Rev Prescrire 2004 ; 24 (251) : 464-468.