De nombreuses
associations ont protesté contre la réforme de l'aide
médicale d'État, et ont prédit une "catastrophe
sanitaire". Cette appréciation ne repose pas sur une
base idéologique, mais sur des données précises
et connues comme celles analysées notamment dans plusieurs
rapports de l'Institut de veille sanitaire (InVS).
Un rapport de
l'InVS souligne par exemple que le nombre de nouveaux cas de sida
augmente depuis 1999 parmi la population originaire d'Afrique subsaharienne.
Une enquête réalisée auprès de cette
population montre une précarité importante, heureusement
limitée par la couverture médicale universelle et
l'aide médicale d'État. Les auteurs craignent que
les modifications de l'aide médicale d'État ne "
mettent en péril cette situation "
La tuberculose
touche tout particulièrement la population étrangère.
Une étude réalisée en Île-de-France a
montré que 19 % des malades ayant débuté un
traitement contre la tuberculose en 2001 étaient bénéficiaires
de la couverture médicale universelle ou de l'aide médicale
d'État. Maladie liée à une " dégradation
des conditions économiques et sociales ", la tuberculose
ne peut que s'étendre quand cette dégradation s'accentue.
Les populations
migrantes sont à haut risque de maladies infectieuses graves,
mais aussi à haut risque d'accouchement prématuré,
de malnutrition, etc. Ces éléments peuvent en soi
expliquer une consommation hospitalière plus élevée
que celle de la population générale. Mais des facteurs
sociaux s'y surajoutent. On ne renvoie pas au bout de quelques jours
à "son domicile" une femme qui vient d'accoucher,
lorsque ce "domicile" est une bouche de métro
Les hospitalisations ont donc tendance à se prolonger.
Les économies
marginales espérées en sacrifiant l'accès aux
soins d'une population parmi les plus démunies et les plus
fragiles en France risquent fort d'être rapidement englouties
dans des dépenses générées par les retards
de soins et les contaminations consécutives, qu'il faudra
bien soigner un jour ou l'autre.
©La revue Prescrire 15 juin 2004
Rev Prescrire 2004 ; 24 (251) : 464-468.
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