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Changer de paradigme

 Éditorial  Il est temps de s'extraire du paradigme dans lequel le médicament est le pilier de la réponse à un problème de santé, et de plonger dans celui où la réponse médicamenteuse est une option, et non un réflexe.

Face au moindre problème de santé, on cherche bien souvent une réponse médicamenteuse plutôt que d'envisager d'autres manières d'accompagner ou d'aider. Ce réflexe, enraciné dans la société, est renforcé lors de la formation des soignants, puis entretenu, par une multitude de sources d'influences servant des intérêts à cultiver la médicamentation de la société.

Face à un patient, faut-il se retrouver dépourvu de traitement médicamenteux pour se rendre compte que d'autres soins existent ? Par exemple, des soins qui reposent sur des moments de partage, dans le cadre d'activités de loisirs : danse, musique, jardinage, contact avec des animaux, etc. Des moments de partage qui hissent alors ces activités sociales au rang de véritables soins, pour accompagner et parfois aider. C'est notamment le cas avec les patients atteints de démences (lire "Interventions non médicamenteuses et maladie d'Alzheimer", ci-dessous).

Faut-il toujours exiger une meilleure évaluation de la balance bénéfices-risques de telles activités pour les intégrer à la panoplie des soins ? Dans la plupart des situations, il est vraisemblable que leurs bénéfices concrets dépassent leurs risques éventuels. Il s'agit surtout d'acter, sans détour, que le jeu en vaut la chandelle quand il en va de l'intérêt premier de personnes âgées, et il s'agit d'allouer vraiment le temps humain nécessaire à leur mise en oeuvre.

Faut-il repenser notre manière de venir en aide aux personnes âgées ? Par exemple, en s'organisant pour faciliter leur maintien à domicile, au plus près de leurs proches, et en tenant mieux compte des contraintes que cela représente. Faut-il repenser l'accompagnement des personnes âgées, plus ou moins dépendantes ? Accompagner est-il différent de soigner ? En quoi les soignants seraient-ils plus à leur place que d'autres professionnels pour accompagner ces personnes ?

Quelle que soit la situation clinique, la place attribuée dans notre société aux médicaments et aux produits considérés comme tels mérite d'être davantage questionnée. Même pour les substances qui ont une efficacité prouvée, il est souvent réducteur de considérer que "le médicament" est la seule modalité de soin utile. Il est temps de s'extraire du paradigme dans lequel le médicament est le pilier de la réponse à un problème de santé, et de plonger dans celui où la réponse médicamenteuse est une option, et non un réflexe.

Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er juin 202
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• Textes complets :

"Changer de paradigme" Rev Prescrire 2022 ; 42 (464) : 401. Accès libre.

"Interventions non médicamenteuses et maladie d'Alzheimer" Rev Prescrire 2022 ; 42 (464) : 469. Réservé aux abonnés.

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