Le fentanyl, un opioïde fort, a d’abord été utilisé sous forme injectable, puis de patchs. Depuis 2002, il est disponible sous des formes absorbées rapidement par voie transmuqueuse buccale (Actiq° ou autre) ou nasale (Instanyl° ou autre). Ces formes à action rapide sont destinées au traitement des pics douloureux chez des patients recevant par ailleurs un traitement de fond par opioïde pour des douleurs cancéreuses chroniques.
Un suivi national de pharmacovigilance a porté sur les dépendances et les surdoses de fentanyl à action rapide en France entre 2016 et 2019. Parmi les cas rapportés, un grand nombre concernaient des patients ayant des douleurs d’origine autre que cancéreuse, surtout des douleurs rhumatologiques ou neuropathiques.
Dans 155 cas, le fentanyl était utilisé dans le cadre d’une dépendance, avec des conséquences graves dans 79 % de ces cas, dont 1 mort.
176 signalements analysés rapportaient un effet indésirable lié à l’effet opioïde et l’action rapide du fentanyl, dont 7 comas et 10 dépressions respiratoires. Les deux tiers des 42 cas de surdoses concernaient des patients qui n’avaient pas de cancer. 36 surdoses ont été involontaires : 17 ont été liées à la prescription d’une dose excessive, 9 à une administration excessive par les patients ou les soignants. 7 patients sont morts de surdose.
Les formes de fentanyl à action rapide par voie transmuqueuse buccale ou nasale sont de maniement délicat du fait de l’intensité et de la rapidité des effets opioïdes. Les risques de dépendance et de surdose parfois mortelles auxquels expose le fentanyl justifient d’informer soigneusement les patients, et de prescrire systématiquement de la naloxone, un antidote, pour que le patient lui-même ou son entourage puisse agir rapidement en cas de surdose. Il est important d’expliquer les modalités d’utilisation de cet antidote et de s’assurer de leur bonne compréhension.
Élaboré par la Rédaction
©Prescrire 1er janvier 2022
• Texte complet :
"Fentanyl sous une forme à action rapide : surdoses et dépendances" Rev Prescrire 2022 ; 41 (459) : 21. Réservé aux abonnés.