Tous les mois, Prescrire analyse de manière indépendante et méthodique les nouvelles substances, les nouvelles indications autorisées pour des médicaments déjà commercialisés, ainsi que les nouveaux dosages, les nouvelles formes pharmaceutiques, etc. L'objectif de ce travail est de repérer parmi toutes les nouveautés médicamenteuses les vrais progrès pour les patients.
En 2017, 92 dossiers d'évaluation clinique de médicaments ont été analysés par la Rédaction de Prescrire, qui en tire un bilan dans son numéro de février. 10 nouveautés médicamenteuses ont apporté un progrès thérapeutique, dont 6 un progrès notable. Près de la moitié (45) des nouveautés n'ont pas apporté de progrès pour les patients. Et 15 nouveautés médicamenteuses sont plus dangereuses qu'utiles.
Au fil des années, il se confirme que l'évaluation des médicaments en vue d'obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM) est trop souvent bâclée, sur la base de données cliniques insuffisantes, au motif d'un accès plus rapide à l'"innovation thérapeutique". (Cf. Cotations des nouvelles spécialités et des nouvelles indications dans Prescrire depuis 10 ans) S'y ajoute un grand immobilisme des agences du médicament quand il s'agit de retirer ou suspendre l'AMM d'un médicament dont les effets indésirables sont disproportionnés par rapport aux bénéfices attendus.
Les soignants ont une place centrale pour choisir les médicaments qui ont un intérêt clinique démontré et pour limiter l'exposition des patients à des médicaments trop peu évalués, sans intérêt thérapeutique tangible ou plus dangereux qu'utiles. Il s'agit de résister à la médicamentation massive de la société, aux conséquences majeures pour les victimes d'effets indésirables ou de dépendance aux médicaments. Médicamentation qui est aussi à l'origine d'un gaspillage de ressources collectives, amplifié par le coût exorbitant de certains médicaments.
©Prescrire 25 janvier 2017
"L'année 2017 du médicament en bref" Rev Prescrire 2018 ; 38 (412) : 145-146. (pdf, accès libre)
Partager |
|
|