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Info santé : gare aux scoops

La couverture médiatique de la recherche en médecine en donne une image souvent biaisée, plus positive que la réalité.

Il ne se passe guère de mois sans l'annonce d'une découverte extraordinaire qui va révolutionner la médecine. Ces annonces médiatiques donnent l'image d'un progrès rapide et sans fin. Mais qu'en est-il de leur fiabilité ?

Une équipe française a étudié la couverture médiatique dans la presse grand public anglo-saxonne d'études scientifiques portant sur le lien entre 12 maladies (dépression, maladie de Parkinson, etc.) et des facteurs de risque, liés au mode de vie (tabac, etc.) ou non. Leur étude a porté sur environ 150 études ayant fait l'objet d'au moins un article dans la presse grand public. Les auteurs de l'étude ont trouvé que les publications scientifiques premières sur un thème ont davantage été reprises par la presse grand public que les publications ultérieures portant sur le même thème. Les publications premières aux résultats "négatifs" (par exemple absence de lien entre tel facteur et telle maladie) n'ont jamais été relayées. Les publications ultérieures qui invalidaient une publication première médiatisée n'ont pratiquement jamais fait l'objet d'articles de suivi dans la presse grand public.

Au total, la presse grand public semble en général surtout intéressée par les études aux résultats "positifs", et assure mal leur suivi. Cela donne une image biaisée des résultats de la recherche puisque les deux tiers des études premières ne sont pas confirmées ensuite.

Une autre étude sur la presse grand public a montré que lorsqu'un article présentant les résultats d'une nouvelle recherche était accompagné des commentaires d'une personne extérieure à la rédaction, cette personne avait souvent un conflit d'intérêts académique ou financier sur le sujet traité.

En somme, les médias grand public rendraient un meilleur service en se fiant moins aux résultats des études initiales, en présentant leurs limites, en suivant le dossier, et en évitant de demander leur avis à des personnes trop intéressées par la mise en valeur des résultats.

©Prescrire 1er octobre 2017

"Scoops santé : largement trompeurs" Rev Prescrire 2017 ; 37 (408) : 776. (pdf, accès libre)

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