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Anticoagulant : l'"antidote" du dabigatran trop peu évalué

Les effets de l'idarucizumab (Praxbind°) ont été très peu évalués : son effet sur le risque de saignements n'est pas prouvé. Son autorisation comme antidote ne doit pas inciter à banaliser l'utilisation du dabigatran.

Lorsqu'il est nécessaire de fluidifier le sang par un anticoagulant oral, la warfarine (Coumadine° et autres), un antivitamine K, est le traitement de référence. Le dabigatran (Pradaxa°), anticoagulant d'une autre classe pharmacologique (inhibiteur de la thrombine), est  une option seulement quand la warfarine n'apparaît pas souhaitable. Tous les anticoagulants exposent à un risque d'hémorragies graves, parfois mortelles.

En cas d'hémorragie grave ou d'intervention chirurgicale urgente, l'arrêt de l'anticoagulant peut être nécessaire. La vitamine K, antidote de la warfarine, permet le rétablissement rapide de la coagulation.

L'idarucizumab (Praxbind°), un anticorps monoclonal, vient d'être autorisé, présenté comme un antidote spécifique du dabigatran.

Son efficacité clinique en 2016 n'est pas établie : on dispose seulement de l'analyse intermédiaire d'un essai non comparatif sur 123 patients, dont les résultats sont difficiles à interpréter. Chez les victimes d'une hémorragie, elle a été stoppée chez la plupart après un délai médian d'environ 10 heures, mais d'autres gestes ont été aussi effectués pour stopper l'hémorragie. Beaucoup des patients qui ont reçu de l'idarucizumab en vue d'une intervention chirurgicale ont été opérés apparemment sans saignements excessifs, mais l'absence de comparaison ne permet pas de démontrer le rôle du médicament. On ne sait pas si la normalisation de certains tests biologiques observés sous idarucizumab réduit le risque hémorragique.

En attendant d'avoir des données fiables et utiles, mieux vaut ne pas compter sur l'idarucizumab et choisir le plus souvent la warfarine, dont l'antidote a une efficacité établie.

©Prescrire 1er juillet 2016

"Idarucizumab (Praxbind°). Ne pas trop compter dessus comme antidote du dabigatran" Rev Prescrire 2016 ; 36 (393) : 494-499. (pdf, réservé aux abonnés)

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Voir aussi :

Dabigatran - Pradaxa°.
Thrombose veineuse profonde
ou embolie pulmonaire :
la warfarine reste la référence
Rev Prescrire 2015 ;
35 (377) : 171-172.
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Les anticoagulants
apixaban (Eliquis°),
dabigatran (Pradaxa°),
rivaroxaban (Xarelto°) :
une place très restreinte
en pratique, peu d'expérience
clinique et pas d'antidote
(Décembre 2013)
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Dabigatran et valves
mécaniques : moins efficace,
plus risqué que warfarine
Rev Prescrire 2013 ;
33 (353) : 189.
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Nouveaux anticoagulants :
gare aux hémorragies
(Mars 2013)
Accès libre

Dabigatran (Pradaxa°) :
un anticoagulant à l'origine
d'hémorragies graves
parfois mortelles
(Novembre 2012)
Accès libre

Rivaroxaban - Xarelto°.
Fibrillation auriculaire :
en rester à la warfarine,
voire parfois au dabigatran
Rev Prescrire 2012 ;
32 (345) : 488-492.
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Dabigatran - Pradaxa°.
Fibrillation auriculaire :
une alternative à la warfarine
dans certains cas
Rev Prescrire 2011 ;
31 (338) : 888-892.
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