En 2014, Sovaldi°(sofosbuvir), médicament autorisé dans l'hépatite C, est vendu à un prix exorbitant : 84 000 dollars pour le traitement d'une personne aux États-Unis d'Amérique, 56 000 euros en France dans le cadre d'une autorisation temporaire d'autorisation.
Ce prix est surtout le résultat du "coup" financier réussi par quelques acteurs résolus à s'enrichir massivement : des dirigeants de firmes et des "investisseurs", ayant spéculé en pariant qu'un médicament réputé très efficace dans l'hépatite C pouvait leur rapporter une fortune.
Avec bien d'autres exemples, le secteur du médicament devient de plus en plus le théâtre d'opérateurs aux appétits financiers démesurés, néfastes à l'intérêt général.
Comment sortir de cette logique suicidaire qui déforme la hiérarchie des besoins sanitaires, se satisfait d'une recherche clinique minimaliste et met en danger les systèmes de protection sociale ? Patients, citoyens et soignants ont un intérêt commun à lutter contre des prix exorbitants comme celui de Sovaldi°. Des prix qui entretiennent une spirale mortifère de prix de plus en plus élevés, où firmes et spéculateurs profitent au maximum du fait que les patients ou la collectivité finiront par payer, parce que "la santé n'a pas de prix".
L'intérêt général impose que les responsables politiques et les assureurs maladie créent des conditions propices à l'éclosion de nouveaux modes de financement de la recherche des produits de santé. Des modes de financement qui n'encouragent pas la cupidité, mais rétribuent correctement les coûts réels de recherche, orientée vers les besoins prioritaires, et récompensent les vrais progrès thérapeutiques démontrés.
©Prescrire 1er octobre 2014
"Spirale mortifère" Rev Prescrire 2014 ; 34 (372) : 721. (pdf, accès libre)