En France, dans les années 2000, le cancer colorectal a été la deuxième cause de mortalité par cancer.
Les données en faveur d'un effet préventif de l'aspirine sur la survenue de cancers colorectaux sont nombreuses mais fragiles et de faible niveau de preuves. Elles reposent sur des données collectées lors d'essais souvent conçus pour évaluer l'aspirine dans d'autres indications (en particulier, en prévention cardiovasculaire) ou sur des données recherchées a posteriori, récupérées parfois plusieurs dizaines d'années après la fin des essais. Aucun essai de qualité suffisante n'a comparé l'effet de l'aspirine au placebo sur la survenue de cancers colorectaux dans la population générale.
Les résultats sont discordants sur la mortalité par cancer colorectal et montrent une absence de différence de mortalité globale.
Si un effet préventif existe sur la survenue de cancers colorectaux, il est fragile, alors que les effets indésirables de la prise au long cours de l'aspirine sont avérés. L'aspirine au long cours expose à des troubles digestifs et des ulcères gastroduodénaux. Elle expose aussi à un risque hémorragique, surtout digestif ou cérébral, parfois grave, voire à des accidents vasculaires cérébraux hémorragiques. Ce risque augmente avec l'âge, en cas de lésion digestive et lors de l'association avec certains médicaments.
En pratique, mi-2013, il n’est pas démontré que la balance bénéfices-risques de l’aspirine en population générale soit favorable, ni en prévention cardiovasculaire ni en prévention des cancers.
©Prescrire 1er octobre 2013
"Prévention du cancer colorectal et aspirine" Rev Prescrire 2013 ; 33 (360) : 759-761. (pdf, réservé aux abonnés)
