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En finir avec les effets indésirables

Gare à la baisse de vigilance ! Cérivastatine, rofécoxib, dextropropoxyphène, sibutramine, rimonabant, rosiglitazone, benfluorex et bien d’autres encore. Les retraits du marché de ces médicaments pour effets indésirables, réclamés par Prescrire, ont un point commun.

En finir avec les effets indésirables

Ils mettent tout le monde dans l’embarras : les agences qui ont autorisé ces médicaments, les firmes qui les ont produits et promus, les soignants qui les ont prescrits et dispensés, les patients qui les ont pris, et les ministres qui ont laissé faire. Une proposition de l’Informal Collusion for Hypermedicamentation (ICH) pourrait améliorer radicalement cette situation (a) (1).

Fin des AMM
L’ICH propose d’abandonner à terme les notions de spécialité pharmaceutique et d’autorisation de mise sur le marché, trop connotées “marketing”. Abandon aussi des essais cliniques, jugés non éthiques, mais utilisation des médicaments à grande échelle d’emblée chez les patients, protégés par des plans de gestion de l’angoisse (PGA). En pratique, les patients souscriront à un service pharmaceutique personnalisé, alias Pack Pharma°, qui leur fournira les médicaments avec l’option Observance +° : une gestion informatisée de l’armoire à pharmacie familiale génèrera des relances à l’observance par sms, courriel, appel téléphonique, voire visiteur thérapeutique.  

Fin des conflits d’intérêts
Le Pack Pharma° comprendra aussi un système de notification d’effets indésirables, grâce à un questionnaire de satisfaction rempli par les patients chaque week-end. Ces notifications seront enrichies par une revue de presse hebdomadaire des blogs et autres forums de patients. La division automatique du nombre d’effets indésirables notifiés par le volume des ventes permettra l’émission en continu d’alertes de pharmacovigilance, via les serveurs des agences du médicament. Au-delà de certains seuils préétablis d’effets indésirables, les médicaments en cause seront suspendus sine die.

Ce système permettra de résoudre élégamment la question des conflits d’intérêts entre les agences et les “Compagnons de la santé” (ex-firmes pharmaceutiques) puisque les agences seront pilotées directement par les “Compagnons” : le fait que ces derniers soient en concurrence garantira au mieux l’équilibre des intérêts en présence.

Un modèle économique innovant
Au-delà du Pack Pharma°, l’ICH propose un business model innovant pour les “Compagnons”, qui deviendraient rémunérés à hauteur de l’espérance de vie en bonne santé (exprimée en QUALY), mesurée à la minute près (b). Prescrire a souvent émis des réserves, voire des critiques, sur des projets d’évolution du secteur pharmaceutique.

Mais cette nouvelle proposition de l’ICH mérite d’être bien accueillie. Tous les détails sur ce modèle économique innovant, notamment la méthode de rémunération des QUALY négatives fondée sur la solidarité nationale, seront publiés dans le prochain numéro de la revue.

> Cliquez ici pour lire les conclusions de la Rédaction

©Prescrire 1er avril 2011  

"En finir avec les effets indésirables" Rev Prescrire 2011 ; 31 (330) : 295. (pdf, accès libre)

Notes :
a - L'ICH (Informal Collusion for Hypermedicamentation) réunit les agences du médicament, les firmes pharmaceutiques, les agences de notation financière, et le consortium monétaire international.
b - Les QUALY (quid ad libitum years) permettent de mesurer les années de belle vie. Extraits de la veille documentaire Prescrire.
1 - ICH "EurekaPharma : let’s try tabula rasa" Site www.ich.int consulté le 1er avril 2011 : 17 pages.  

Pour en savoir plus :

Gare à la baisse
de vigilance !
(Avril 2011)
Accès libre