En France, près de 2 millions de personnes sont alcoolodépendantes, c’est-à-dire ont perdu la maîtrise de leur consommation d’alcool. L’arrêt de la consommation d’alcool, puis une abstinence, voire une consommation contrôlée aussi longue que possible, sont bénéfiques en termes de santé. Mais les patients alcoolodépendants sont souvent partagés entre les bénéfices attendus du traitement et les désavantages physiques, psychiques et sociaux liés à l’abstinence.
Pour amener ces patients à se soigner, les soignants doivent prendre en compte leurs propres attitudes négatives vis-à-vis de l’alcoolodépendance et avoir recours à différents outils.
La théorie dite de Prochaska incite à travailler avec le temps et décrit 5 étapes de durée variable lors d’un changement de comportement : absence de désir de changement par méconnaissance ou déni ; période de réflexion avec mise en balance des bénéfices et difficultés prévisibles du changement ; période de préparation au changement avec prise de conscience de l’intérêt à changer de comportement, mais décision souvent remise à plus tard ; changement de comportement ; période de persistance du projet reposant sur une abstinence durable.
L’intervention motivationnelle est une méthode utile qui vise à préparer le patient à un changement de comportement en l’aidant à résoudre son ambivalence, qui repose sur 4 principes : exprimer l’empathie ; développer la divergence (c’est-à-dire faire prendre conscience d’un écart entre le comportement de la personne et ses valeurs ou objectifs) ; accepter la résistance du patient (déni, contestation, etc.) et s’y adapter ; renforcer le sentiment d’efficacité personnelle en encourageant le patient.
©Prescrire 1er novembre 2010
"Alcoolodépendance : avant le sevrage" Rev Prescrire 2010 ; 30 (325) : 839-842. (pdf, réservé aux abonnés)