Dans son numéro de juin, Prescrire souligne l’importance de connaître l’histoire naturelle des maladies (c’est-à-dire l’évolution sans intervention médicale), tant pour les patients que pour les soignants, à partir de plusieurs exemples.
Les cancers de la prostate sont les cancers les plus fréquents chez les hommes âgés de plus de 50 ans. Le suivi pendant plus de 20 ans de patients porteur d’un cancer localisé de la prostate et non traités d’emblée a montré qu’environ 60 % d’entre eux n’ont pas d’aggravation du cancer et que leur durée de vie est peu influencée par ce cancer. Seule une minorité de décès est liée au cancer de la prostate, et concerne la minorité des patients ayant un cancer de type indifférencié (environ 5 % des cancers localisés).
De même, l’évaluation du dépistage des cancers du sein par mammographies n’a pas démontré d’efficacité en termes de mortalité, alors que ce dépistage peut être à l’origine d’effets indésirables physiques et psychiques. Le constat est le même pour une affection bénigne telle que l’infection urinaire non compliquée de la femme jeune, dont la guérison spontanée est lente mais qui ne se complique qu’exceptionnellement.
Connaître l’évolution naturelle des maladies permet de choisir au mieux et librement, en toute connaissance de causes, la conduite à tenir, en sachant que traiter systématiquement n’améliore pas forcément l’espérance ou la qualité de vie, surtout quand l'intervention médicale a des effets indésirables.
©Prescrire 1er juin 2008
LIBRE "Histoire naturelle" Rev Prescrire 2008 ; 28 (296) : 401. Télécharger (pdf, 30 Ko).