Dans son numéro de novembre, la revue Prescrire montre que les liens qu'ont les experts des agences du médicament avec les firmes pharmaceutiques ne sont pas sans conséquences.
Après avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans certains cancers pour l'erlotinib (Tarceva°), la firme Roche a vu l'agence européenne du médicament (EMEA) désapprouver une extension de l'AMM aux cancers du pancréas avancés ou métastasés. La commission d'AMM de l'EMEA avait constaté que les effets indésirables de l'erlotinib dans ces situations ne sont pas contrebalancés par une efficacité tangible.
La contestation de la firme a conduit l'EMEA à réunir spécialement 4 experts extérieurs pour examiner le dossier. Ils ont émis un avis favorable, et l'AMM a finalement été octroyée dans les cancers du pancréas métastasés.
Pourtant le dossier examiné était le même, mais l’accent a été mis sur des données favorables à la firme. Prescrire a demandé à l'EMEA de lui communiquer les liens d'intérêts éventuels de ces experts avec les firmes. Tous avaient des liens avec des firmes, dont deux avec la firme Roche.
Aujourd'hui, la demande sociale de transparence a motivé une législation qui contraint les agences du médicament à divulguer les liens d'intérêts de leur personnel et des experts extérieurs qu'elles sollicitent.
Manifestement, cette transparence ne suffit pas à rendre les agences indépendantes des firmes.
©Prescrire 1er novembre 2007
LIBRE "Le mot de Gaspard : Experts sous influence" Rev Prescrire 2007 ; 27 (289) : 804. Télécharger (pdf, 141 Ko).