La polyarthrite rhumatoïde est une affection rhumatismale chronique qui entraîne parfois des handicaps fonctionnels. Les traitements sont restés décevants. Les anti-inflammatoires d'utilisation brève en cas de poussées ne modifient pas l'évolution de la maladie. Les médicaments utilisés au long cours, censés limiter l'évolution défavorable de la maladie, n'ont pas démontré une diminution du risque de handicap grave et de la mortalité, y compris le méthotrexate souvent choisi en première ligne.
Quatre immunodépresseurs apparus depuis 2000 avaient tout pour devenir des succès commerciaux. L'infliximab (Remicade°), l'étanercept (Enbrel°), l'anakinra (Kineret°) et l'adalimumab (Humira°) : forte attente des patients et des soignants, nouvelle explication de la maladie, nouveau "mécanisme d'action", mode de fabrication "moderne", par biotechniques.
Dans son numéro de juin, la revue Prescrire rappelle combien l'histoire de la médecine est riche d'espoirs déçus basés sur une vision réductrice de la maladie. La réalité est que ces nouveaux immunodépresseurs sont efficaces seulement chez une minorité de patients, alors qu'ils font courir à tous les patients les risques des immunodépressions prolongées. Leur utilisation au long cours pose beaucoup de questions sans réponse, notamment en termes d'infections et de cancers.
Ces médicaments de "haute technologie", s'ils rendent service à certains malades, ne sont vraiment pas la panacée. Dommage.
©Prescrire 1er juin 2004
"Polyarthrite rhumatoïde : ne nous emballons pas !" Rev Prescrire 2004 ; 24 (251) : 421. Télécharger (pdf, 66 Ko).