Pour tenter de remédier aux déficits répétés et grandissants de la Sécurité sociale, une énième "réforme de l'assurance maladie" est actuellement en cours. Dans son numéro de juin, la revue Prescrire met l'accent sur le problème particulier du médicament, sous la forme d'une lettre ouverte au nouveau ministre de la Santé.
Le médicament, c'est concret : les faits sont faciles à mettre en évidence, les dépenses sont importantes, tant en ville qu'à l'hôpital, et il s'agit d'un révélateur de toute politique de santé. Or la Rédaction de la revue Prescrire constate dans son travail quotidien d'analyse que de nombreux nouveaux médicaments sont mal évalués, à prix de vente exorbitant, pour un progrès thérapeutique minime, parfois nul. Les politiques de déremboursement et de promotion des médicaments génériques sont faites de faux-semblants. Les agences du médicament, soumises au lobby industriel, n'assurent pas correctement certaines tâches administratives de base.
Les débordements se multiplient : médicaments promus auprès des médecins avant leur autorisation de mise sur le marché, lancement de médicaments génériques entravé par un retard administratif, médicaments vendus à l'hôpital au prix fort, sans même d'agrément aux collectivités, etc.
L'exemple du médicament le démontre : le "marché" ne peut réguler correctement un système de santé. Le rapport de force entre firmes et administration censée les encadrer n'est pas équilibré. Une priorité d'action pour tout ministre de la Santé.
©Prescrire 1er juin 2004
LIBRE "Lettre ouverte au ministre de la Santé" Rev Prescrire 2004 ; 24 (251) : 401. Télécharger (pdf, 31 Ko).