La prescription médicale de diacétylmorphine (alias héroïne) aux toxicomanes n'est pas une nouveauté en Europe. S'il n'existe pas de tel programme organisé en France, plusieurs pays européens envisagent cette option thérapeutique pour certains toxicomanes. La revue Prescrire présente dans son numéro de juin des expériences de prescription d'héroïne en Suisse et aux Pays-Bas.
À Genève, un centre de prescription d'héroïne est ouvert 7 jours sur 7 et permet aux toxicomanes de s'injecter de l'héroïne seuls ou avec l'aide d'un infirmier. Les toxicomanes peuvent aussi demander de la méthadone pour la journée, le week-end ou les vacances. Un encadrement psychologique et social est proposé comme pour les autres types de prise en charge.
En Suisse, entre janvier 1994 et décembre 2000, près de 2 000 toxicomanes ont été admis. La moitié de ces toxicomanes ont continué à venir régulièrement durant plus de 2,5 années, et un tiers plus de 5 années. Le traitement par héroïne a été arrêté dans la plupart des cas en raison d'une demande d'autres traitements : méthadone ou sevrage. La prescription d'héroïne s'est accompagnée d'une forte diminution des consommations illicites d'héroïne et de cocaïne, et d'une amélioration des conditions de vie, notamment de logement et d'emploi.
Aux Pays-Bas, un essai comparatif a montré que l'héroïne permettait d'améliorer la situation physique, mentale et sociale des toxicomanes ayant tenté sans succès une substitution par méthadone.
La prescription médicale d'héroïne est un des moyens de réduction des risques, faute de mieux. Elle ne remplace pas les autres types d'accompagnement mais pourrait les compléter dans certains cas.
©Prescrire 1er juin 2003
"Toxicomanie : prescription d'héroïne en Europe" Rev Prescrire 2003 ; 23 (240) : 464-465. Télécharger (pdf, 101 Ko).