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Politique européenne du médicament : redresser le cap

Établie à l'origine dans un souci de santé publique, la politique européenne du médicament privilégie de plus en plus les logiques industrielles, au détriment des missions de santé publique. Pour limiter ces dérives, l'Agence européenne du médicament devrait être détachée de la direction Entreprises de la Commission européenne et rattachée à celle de la Santé et de la protection des consommateurs.

Dans son numéro de juin, la revue Prescrire consacre un dossier fouillé à l'analyse de la politique européenne du médicament et à l'une de ses institutions essentielles, l'Agence européenne du médicament (EMEA), qui délivre notamment des autorisations de mise sur le marché des médicaments (AMM) valables immédiatement dans toute l'Europe.
Pour la revue Prescrire, la réglementation européenne du médicament, échafaudée dès les années 1960 et 1970, a joué un rôle considérable dans les pays européens. Elle a conduit à ce que chaque pays mette en place une réelle politique de contrôle et de surveillance des médicaments, au service de la qualité des soins et de la sécurité des malades. La création de l'EMEA, indispensable à l'édification européenne, aurait dû permettre un renforcement de moyens et une transparence sources de progrès en termes d'harmonisation au service des citoyens européens.
Progressivement cependant, note la revue Prescrire, la politique européenne du médicament et l'EMEA ont déçu : AMM ne correspondant pas toujours à des progrès thérapeutiques, en l'absence d'évaluation comparative des nouveaux médicaments ; financement de l'EMEA de plus en plus d'origine industrielle plutôt que d'origine publique ; indépendance insuffisante des experts ; manque de transparence de l'EMEA vis-à-vis des patients et des professionnels de santé ; maîtrise nationale des dépenses de santé limitée par certaines réglementations européennes ; etc.
Au total, la tendance à autoriser toujours plus de médicaments et de plus en plus vite pour le marché européen, l'emporte sur les considérations de santé publique. Une situation qui découle finalement logiquement du fait que l'EMEA est rattachée à la Direction générale "Entreprises" de la Commission européenne, qui favorise avant tout la compétitivité industrielle. La revue Prescrire joint sa voix à ceux, de plus en plus nombreux, qui réclament que l'EMEA soit plutôt rattachée à la Direction générale Santé et Protection des consommateurs de la Commission européenne.

©Prescrire 1er juin 2002

"Redresser le cap de la politique du médicament" Rev Prescrire 2002 ; 22 (229) : 460-466. Télécharger (pdf, 230 Ko).