La revue Prescrire revient dans son numéro de septembre sur la polémique autour de Celebrex°. Cet anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) caracole en tête des ventes sur la foi d'une moindre toxicité gastro-intestinale "démontrée" notamment par un essai publié dans une célèbre revue médicale américaine. En fait, il s'agissait de deux essais différents aux résultats regroupés pour l'analyse, et les résultats publiés concernaient les 6 premiers mois de traitement seulement, alors que les essais avaient duré plus d'un an. Or les résultats à long terme ne montrent pas de différence nette entre le célécoxib et les autres AINS.
La revue Prescrire donne tout le détail de la "manipulation industrielle" des résultats destinée à montrer le célécoxib à son avantage. Pour la revue Prescrire, qui avait conclu au moment de la mise sur le marché de Celebrex° sur son équivalence aux autres AINS en termes d'effets indésirables, ce rebondissement n'est ni une surprise, ni une exception. La pression financière sur les firmes, qui sont à la recherche de profits de plus en plus rapides et conséquents, la faiblesse de la plupart des agences du médicament, la situation de dépendance des cliniciens chercheurs par rapport aux firmes, tout tend à déformer les résultats des essais cliniques, même publiés dans de "grandes revues". Les solutions sont évidentes : professionnels et patients se référant à des sources d'information indépendantes sur les thérapeutiques ; agences du médicament transparentes et exigeantes en matière de preuves de progrès thérapeutiques ; financement public de la recherche clinique et des agences du médicament.
©Prescrire 1er septembre 2002
"Célécoxib et "essai CLASS" : un exemple de manipulations industrielles" Rev Prescrire 2002 ; 22 (231) : 623-625. Télécharger (pdf, 148 Ko).
