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Euthanasie passive : limiter l'arbitraire

Abstentions et arrêts de traitements sont fréquents dans les services de soins intensifs chez des personnes en fin de vie. Une réalité à connaître et à encadrer pour éviter des débordements.

L'euthanasie est l'objet de débats passionnés qui divisent autant les professionnels de la santé que le grand public. La mort médicalement décidée et provoquée, euthanasie active, est aujourd'hui interdite en France. Cela n'empêche pas qu'en pratique il existe une euthanasie "passive", où l'on se contente de "débrancher le patient", c'est-à-dire de cesser les soins, ou de ne pas entreprendre des soins indispensables, chez un patient en fin de vie.
La revue Prescrire commente dans son numéro de septembre une enquête réalisée par la Société française de réanimation auprès de 7 309 patients en services de soins intensifs. Au cours de cette enquête, des traitements indispensables au maintien de la vie n'ont pas été prodigués ou ont été arrêtés chez 11 % des patients : 4,6 % par abstention thérapeutique et 6,4 % par arrêt du traitement. Dans la majorité des cas, la décision a été prise par l'ensemble de l'équipe soignante, mais un médecin a décidé seul dans le tiers des cas. La famille a été consultée dans 44 % des cas. Ces abstentions ou arrêts de traitement ont été suivis d'une mort rapide dans 80 % des cas.
La Société française de réanimation a tiré des leçons de cette enquête et cherche aujourd'hui à généraliser de bonnes pratiques de l'euthanasie "passive", visant notamment à ce que cette décision ne puisse être prise par une seule personne.
Une démarche que salue la revue Prescrire, comme susceptible d'améliorer les pratiques et de limiter les risques de dérive.

©Prescrire 1er septembre 2002

LIBRE "Euthanasie passive : gare à l'arbitraire" Rev Prescrire 2002 ; 22 (231) : 619-620. Télécharger (pdf, 145 Ko).