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Prix Prescrire 2012

Prix Prescrire 2012 : 5 ouvrages analysés dans la rubrique "Lu pour vous" ont été primés par la Rédaction

   Ouvrages présentant un intérêt pour le public
   et/ou les professionnels de santé
 

Overdiagnosed. Making people sick in pursuit of health

"Overdiagnosed. Making people sick in the pursuit of health" est un ouvrage qui traite du surdiagnostic, alias diagnostic par excès (1). Il a été rédigé, en langue anglaise, par trois médecins dont H.G. Welch, qui avait déjà publié en 2005 "Dois-je me faire tester pour le cancer ? Peut-être pas et voici pourquoi" (a)(2).

Définition du surdiagnostic
Overdiagnosed. Making people sick in pursuit of healthComme le définissent les auteurs : « le surdiagnostic survient quand, chez une personne, on diagnostique une maladie qui ne causera jamais ni symptôme ni mort » (b). Autrement dit, chez une personne asymptomatique, un surdiagnostic est un diagnostic exact, mais concernant une maladie qui, si elle n'avait pas été dépistée ou diagnostiquée, n'aurait eu aucune conséquence pour la personne concernée : cette personne serait morte d'une autre cause sans avoir jamais souffert de la maladie surdiagnostiquée, et même sans savoir qu'elle en était atteinte (c)(3).

Un risque inhérent à tout dépistage
La majeure partie de l'ouvrage est consacrée au lien entre dépistage et surdiagnostic : les auteurs montrent comment, chez des personnes asymptomatiques, les dépistages conduisent forcément à des surdiagnostics.

À cet effet, les auteurs analysent comment l'élargissement de la définition des maladies contribue à l'augmentation du surdiagnostic, notamment par l'abaissement des valeurs-seuil de diagnostic et d'intervention.

Ils montrent que les progrès technologiques jouent un rôle analogue, car l'évolution des examens d'imagerie, de biologie et autres conduit à découvrir des anomalies de plus en plus ténues chez des personnes asymptomatiques. Les auteurs expliquent les liens étroits entre le "disease mongering" (l'invention de maladies à des fins marketing) et ce qu'ils considèrent comme une épidémie de surdiagnostics. Le texte explique aussi certains biais et pièges méthodologiques liés au surdiagnostic, qui peuvent faire paraître à tort un dépistage comme efficace.

De nombreux exemples pour illustrer
Les auteurs détaillent notamment les exemples de l'hypertension artérielle, du diabète, de l'hypercholestérolémie, de l'ostéoporose, des examens d'imagerie de dépistage des cancers (prostate, thyroïde, poumon, mélanomes, sein et "incidentalomes", alias tumeurs de découverte fortuite).

Ils abordent aussi les surdiagnostics liés à la recherche des arythmies cardiaques asymptomatiques, des anomalies fœtales en cours de grossesse, des anomalies génétiques, etc. Autant d'exemples qui contribuent à mieux appréhender le lien entre dépistage et surdiagnostic.

Informer aussi les patients
La dernière partie de l'ouvrage déborde le cadre du surdiagnostic. Elle est consacrée à des conseils pratiques aux patients, conseils qui portent surtout sur la manière d'aborder les problèmes de santé avec les soignants, mais aussi avec leur entourage.

Par exemple : ne pas se laisser influencer par des émotions comme la peur ou la culpabilité ; tenir compte de l'histoire naturelle des maladies ; ne pas se contenter de résultats en "pourcentage d'amélioration" ou en valeur relative, et préférer les chiffres en valeur absolue ; toujours envisager les risques en face des bénfices ; se demander si la personne qui parle ou écrit n'est pas sous l'influence de liens d'intérêts.

Un anglais facile à lire
L'ouvrage est rédigé dans un anglais facile à lire, au vocabulaire simple et au style direct.

Chaque chapitre est référencé et un index facilite la recherche d’informations. Les auteurs argumentent leur propos par des chiffres et des graphiques. Leurs explications sont abondamment illustrées d’exemples et d’histoires concrètes.  

Au total
"Overdiagnosed. Making people sick in the pursuit of health" est un ouvrage sérieux de lecture relativement aisée. À recommander à tous ceux, professionnels de santé ou non, qui veulent approfondir la question du surdiagnostic et de ses risques, en lien avec les pratiques de dépistage.

©Prescrire 4 octobre 2012

"Prix Prescrire 2012" Rev Prescrire 2012 ; 32 (348) : 787. (pdf, accès libre)

"Overdiagnosed. Making people sick in the pursuit of health" Rev Prescrire 2012 ; 32 (342) : 309. (pdf, réservé aux abonnés)

Notes :
a- L'ouvrage de H. G. Welch "Dois-je me faire tester pour le cancer ? Peut-être pas et voici pourquoi" a reçu le Prix Prescrire 2007 du livre médical et pharmaceutique (réf. 2).
b- « Overdiagnosis occurs when individuals are diagnosed with conditions that will never cause symptoms or death » (réf. 1, traduction Prescrire).
c- La notion de surdiagnostic ne doit pas être confondue avec celle de faux positif. Un faux positif est un résultat d'examen, clinique ou non clinique, qui annonce à tort une anomalie chez une personne en fait indemne (réf. 4).

Extraits de la veille documentaire Prescrire.
1-Welch HG et coll. "Overdiagnosed. Making people sick in the pursuit of health" Beacon Press, Boston (USA) 2011 : 228 pages, 14,95 euros. Disponible par correspondance auprès de l'Appel du Livre.
2-Welch HG et coll. "Dois-je me faire tester pour le cancer ? Peut-être pas et voici pourquoi" Presses de l'Université de Laval, Laval (Canada) 2005 : 263 pages. Présenté dans Rev Prescrire 2007 ; 27 (285) : 549 + (288) : IV de couv.
3- Prescrire Rédaction "Pièges et difficultés de l'évaluation des dépistages des cancers : l'exemple des cancers du sein" Rev Prescrire 2006 ; 26 (271) : 304- 310.
4- Prescrire Rédaction "Évaluation des examens diagnostiques. Deuxième partie : sensibilité, spécificité et rapports de vraisemblance" Rev Prescrire 1999 ; 19 (197) : 536-540.