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Covid-19 - Année 2020

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Covid-19 : les masques diminuent peut-être en partie la transmission du coronavirus en population générale

covid Dans l'actualité  Chez les personnes sans symptôme, dans quelle mesure des masques à usage médical ou en tissu réutilisables diminuent-ils la transmission des infections respiratoires telles que la maladie covid-19 liée au coronavirus Sars-CoV-2 ? (29 avril 2020)

Le virus Sars-CoV-2, à l'origine de la maladie covid-19, semble transmis surtout par contact des mains contaminées avec le visage, ou par projections de gouttelettes chargées de virus lors de la toux, d'un éternuement, voire en parlant (postillons). L'utilisation de masques faciaux fait partie des mesures qui visent à limiter les projections.

La reprise des activités après la période de confinement expose à des rapprochements entre personnes, voire à des contacts, indépendamment de la conservation des gestes barrières. Les masques chirurgicaux sont surtout utiles quand ils sont portés par les personnes infectées et contagieuses (> ICI). De nombreuses initiatives ont vu le jour pour fabriquer des masques en tissu, lavables et réutilisables, afin de pallier le manque de masques chirurgicaux. Fin mars 2020, l’Association française de normalisation (Afnor) a mis en ligne des recommandations pour la confection artisanale de masques en tissu (choix de l’étoffe, patrons, etc.) et des conseils pour les utiliser de manière optimale (retrait, lavage, etc.) (voir > ici).

Fin avril 2020, quelles sont les principales données d'évaluation de l'efficacité des masques à usage médical ou en tissu réutilisables pour prévenir la transmission dans la population générale des infections respiratoires telles que celle liée au Sars-CoV-2 ?

En avril 2020, les résultats de deux synthèses méthodiques ayant évalué l'efficacité des masques en prévention des infections respiratoires ont été rendus publics avant leur soumission à un comité de lecture en vue d'une éventuelle publication (voir > ici et voir > ici). Ces synthèses ont notamment recensé deux études cas/témoins en prévention des infections par Sars-CoV-1, un coronavirus proche du Sars-CoV-2 et apparu en 2003 à Hong Kong. Aucune des études retenues dans ces synthèses méthodiques n'a été menée dans le cadre de l'épidémie de covid-19.

Une étude cas/témoins a été effectuée à partir de 188 cas d'infections dites secondaires par Sars-CoV-1 survenues chez 2 139 personnes vivant dans le même foyer familial qu’un patient hospitalisé pour une infection par Sars-CoV-1. Après prise en compte de divers facteurs, le risque d'infection par Sars-CoV-1 a semblé environ 3 fois plus grand (intervalle de confiance à 95 % : 1,7 à 5,9) en l'absence de port d'un masque par la personne infectée et par les personnes en contact (voir > ici).

L’autre étude cas/témoins a comparé 330 cas d'infections par Sars-CoV-1, sans contact causal identifié, à 660 témoins non infectés. Après prise en compte de divers facteurs, l'absence du port régulier d'un masque dans des lieux publics a été associée à un risque 3 fois plus grand d'infection par Sars-CoV-1 (voir > ici).

Dans ces deux études, les types de masques portés n'ont pas été précisés. Et il n'est pas exclu que les personnes qui portaient un masque aient appliqué davantage les autres gestes barrières.

Dans d'autres infections respiratoires, notamment par le virus de la grippe, les essais randomisés et les autres études comparatives recensés par ces synthèses n'ont pas montré d'avantage du port d'un masque, y compris dans les écoles et les universités.

Un de ces essais randomisés, mené en 2011, a comparé dans 14 structures de soins au Vietnam regroupant environ 1 600 soignants : utilisation de masques en tissu, versus utilisation de masques à usage médical, et versus mesures usuelles de protection. Après une durée de suivi de 4 semaines, la fréquence des infections respiratoires parmi les soignants a été plus grande dans les structures de soins utilisant des masques en tissu (7,6 %) et dans celles qui ne promouvaient pas l’utilisation de masques par les soignants (7,0 %), par rapport à celles utilisant des masques à usage médical (4,8 %). Les caractéristiques des masques en tissus utilisés dans cet essai n'ont pas été précisées, or certains masques en tissus sont particulièrement perméables (voir > ici).

En somme, quelques données de faible niveau de preuves montrent que le port de masques à usage médical réduit peut-être la transmission des infections par un coronavirus dans la population générale, surtout dans les situations de proximité voire de contact avec des personnes infectées ou qui pourraient l'être. Les masques ne protègent pas les yeux des projections et ils n’évitent pas la transmission de virus par des mains contaminées. Le port du masque ne remplace pas les principales mesures barrières : se laver souvent les mains ; éviter de toucher son visage ; protéger les projections lors d'une toux ou d'éternuements ; se tenir à distance des autres ; rester chez soi quand on est malade. Et, fin avril 2020, selon une évaluation de faible niveau de preuves, les masques en tissu semblent peu ou pas efficaces pour réduire la transmission des infections par un coronavirus dans la population générale.

Pour éviter de contaminer le masque ou les mains, il importe de : se laver les mains avant de mettre le masque et après l'avoir retiré ; appliquer le masque de façon à recouvrir le nez et la bouche ; éviter de toucher le masque ; ne pas toucher l'avant du masque lors de son retrait ; ne pas glisser son masque sous son nez ou sur le front.

©Prescrire 29 avril 2020

Voir aussi :

  • "Grippe, coronavirus : principes de prévention des infections respiratoires" (4 février 2020) > ICI

Pour aller plus loin :

  • "Deux grands types de masques à usage médical" (n° 267, page 847)
  • "Prévention des grippes : d’abord se laver souvent les mains" (n° 313, pages 848-849)

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