Début 2017, en France, deux Centres régionaux de pharmacovigilance ont rapporté 5 observations d'effets indésirables graves neurologiques et cardiaques liées à une prémédication avant une chimiothérapie ou une dialyse. Il s'agissait entre autres, d'agitations, d'hallucinations et de somnolences, imputées à la prométhazine injectable (Phénergan°) qui avait été utilisée dans le contexte de rupture de stock de la dexchlorphéniramine injectable (Polaramine°), deux antihistaminiques H1 sédatifs et atropiniques.
Les antihistaminiques H1 sédatifs ont des effets communs, mais aussi quelques différences. Outre leurs effets sédatifs, leurs effets atropiniques exposent à des troubles périphériques visuels, cardiaques, digestifs et urinaires ; et à des troubles centraux tels que confusions, désorientations, hallucinations visuelles, agitations, etc.
La prométhazine expose en plus notamment à des troubles du rythme cardiaque, et à des effets extrapyramidaux.
En France, les résumés des caractéristiques (RCP) et notice des spécialités à base de dexchlorphéniramine injectable et de prométhazine injectable sont très voisins en ce qui concerne les effets indésirables. Le RCP français de Phénergan° mentionne notamment des troubles cardiovasculaires, mais rien sur les effets extrapyramidaux. Au Royaume-Uni, le RCP est beaucoup plus complet avec la mention claire de troubles extrapyramidaux.
Les ruptures de stock que les firmes pharmaceutiques laissent s'installer sont des situations à risque pour les patients. Pour y faire face, les soignants ont à se documenter sur les médicaments voisins du médicament manquant, en étudiant les différences pharmacologiques, en sachant aller au-delà de l'information fournie par les agences du médicament, parfois insuffisante.
©Prescrire 1er septembre 2017
"Troubles neuropsychiques, antihistaminiques H1 en prémédication et rupture de stock" Rev Prescrire 2017 ; 37 (407) : 675. (pdf, réservé aux abonnés)