En France, les horaires atypiques de travail, ne correspondant pas à la semaine "standard", se sont multipliés depuis les années 1980. Les formes de travail en horaires atypiques les plus étudiées en termes d'effets sur la santé, sont le travail de nuit et le travail en équipes successives, dénommé travail posté (de type 3 x 8). Ils concernent chacun environ 15 % des salariés en France.
D'après les études, travailler en horaires postés et en horaires de nuit entraîne une diminution de la durée du sommeil, à l'origine d'une privation chronique de sommeil, des troubles de la qualité du sommeil, une somnolence accrue durant la période de veille, et une augmentation du risque d'accidents et d'erreurs. Le travail posté et le travail de nuit sont associés à des troubles du caractère et à une baisse des performances cognitives.
Des troubles digestifs sont souvent rapportés dans les études. Le travail posté et le travail de nuit ont été associés à un risque accru d'affections cardiovasculaires, indépendamment des autres facteurs de risque cardiovasculaire connus, dont le tabagisme. Une augmentation de la mortalité cardiovasculaire et de la mortalité totale est suggérée dans certaines études.
Il existe une augmentation du risque d'avortement spontané, surtout en cas de poste de nuit fixe.
La question d'une augmentation du risque de cancers est débattue. Début 2016, les données vont globalement dans le sens d'un risque accru de cancer du sein chez les femmes, surtout en cas d'exposition de longue durée.
En France, en médecine du travail, la réglementation impose une surveillance médicale renforcée des travailleurs de nuit, avec une visite médicale obligatoire tous les 6 mois.
©Prescrire 1er mai 2016
"Effets sur la santé du travail posté et de nuit" Rev Prescrire 2016 ; 36 (391) : 376-382. (pdf, réservé aux abonnés)
