L'éplérénone
(Inspra°), un simple me too de la spironolactone (Aldactone° ou autre),
est commercialisée pour certains patients atteints d'insuffisance cardiaque
après infarctus. En fait, dans l'insuffisance cardiaque chronique, la spironolactone
a une efficacité démontrée.
Dans
la situation particulière du premier mois "post infarctus", son
évaluation est peu étoffée, mais une efficacité du
même ordre est très vraisemblable. C'est précisément
dans cette situation que la firme, qui commercialise les deux substances, a choisi
de développer l'éplérénone, en la comparant au placebo
mais pas à la spironolactone. Par ce biais, le me too est devenu mieux
évalué que la substance de référence, dans cette sous-indication.
Le coup semble rentable, au prix accordé par les pouvoirs publics :
2,51 euros par jour avec l'éplérénone, contre 0,29 euros
avec la spironolactone.
Autre
exemple de prix coupé de la réalité : celui du trastuzumab
(Herceptin°). Le prix élevé accordé de fait au départ
à ce cytotoxique indiqué en recours dans des situations particulières
pouvait paraître acceptable. Aujourd'hui, les indications ont été
élargies, et l'utilisation hors AMM en adjuvant est largement pratiquée
et tolérée en dépit des questions en suspens. Le nombre de
patientes traitées augmente considérablement. Mais le prix ne baisse
pas : environ 2 600,00 euros par mois.
Si
les prix accordés correspondaient à des efforts d'évaluation
pertinente des médicaments, s'ils étaient réajustés
en fonction du nombre de patients traités, l'allocation des moyens financiers
collectifs retrouverait un peu de cohérence et d'efficacité en termes
de santé publique. © La revue Prescrire
15 décembre 2005 Rev Prescrire 2005 ; 25 (267) : 804. |