La boulimie est un
trouble du comportement alimentaire, caractérisé par des crises
d'ingestion importante et rapide de nourriture, sans faim, avec sentiment de perte
de contrôle (alias crises boulimiques), suivis de vomissements provoqués,
d'un éventuel usage (excessif) de laxatifs, de diurétiques, ou encore
de jeûnes ou d'exercices physiques excessifs.
La
boulimie débute en général en fin d'adolescence, et touche
surtout les filles. On n'en connaît pas la cause. Elle peut faire partie
du tableau de divers troubles psychiques. Son évolution, émaillée
de rechutes, est mal connue à long terme. Environ un patient sur cinq se
plaint encore de boulimie après 5 ans à 10 ans.
Les
complications physiques sont parfois graves, favorisées par la répétition
des vomissements ou l'excès de laxatifs, notamment : sophagite voire
rupture sophagienne ou gastrique, érosions de l'émail dentaire,
hypokaliémie. Les principaux traitements évalués sont
la psychothérapie cognitive et comportementale, certains antidépresseurs,
voire leur association.
Les
synthèses des essais psychothérapie cognitive et comportementale
versus absence de traitement sont en faveur de ce type de psychothérapie,
mais avec un modeste niveau de preuves, que ce soit en termes de diminution des
crises boulimiques ou de diminution de la prise de laxatif.
Globalement,
les antidépresseurs semblent avoir une efficacité modeste, sans
grande différence entre eux. Selon plusieurs essais versus placebo, la
fluoxétine n'a qu'un effet modeste sur les vomissements déclarés
par les patients (2 à 4 vomissements en moins par semaine), qui ne persiste
pas au-delà de 3 mois de traitement.
L'ajout
d'un antidépresseur à une psychothérapie cognitive et comportementale
ne semble pas augmenter les bénéfices de manière tangible
pour les patients.
En
pratique, avant d'envisager un traitement, mieux vaut cerner le retentissement
du trouble sur le patient et son entourage ; puis apprécier les attentes
du patient ; puis définir avec lui les objectifs d'un traitement éventuel.
Les résultats de l'évaluation sont de modeste niveau de preuves
; ils montrent que les traitements spécifiques sont d'efficacité
limitée. Quand elle est réalisable, la psychothérapie cognitive
et comportementale est le seul traitement symptomatique dont la balance bénéfices-risques
semble favorable à long terme.
©La revue
Prescrire 15 septembre 2006 Rev Prescrire 2006 ; 26 (275) : 602-607
(32 références). |