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Dextropropoxyphène (Di-Antalvic° ou autre) :
encore des décès !
 
Mieux vaut aider les patients à se passer du dextropropoxyphène, et à utiliser d'autres antalgiques, en particulier le paracétamol et la codéine.
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Dextropropoxyphène : encore des décès !
Rev Prescrire 2007 ; 27 (282) : 274.
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Le dextropropoxyphène est un opiacé apparenté à la méthadone. Il s'accumule en particulier en cas d'insuffisance rénale et chez les patients âgés. Il entraîne une dépression respiratoire et perturbe la conduction cardiaque, avec bradycardie et troubles du rythme (1,2).

Décès et retraits du marché
Le risque d'intoxication mortelle a motivé le retrait du marché en Suède et en Suisse (1). Fin 2006, le système néozélandais de pharmacovigilance a informé de 16 décès liés au dextropropoxyphène notifiés en Nouvelle-Zélande en 2 ans, dont 6 décès accidentels, c'est-à-dire en dehors d'un contexte de suicide (3). Des restrictions d'utilisation ont été décidées.
En Angleterre et au Pays de Galles, il est prévu que les autorisations de mise sur le marché (AMM) des associations dextropropoxyphène + paracétamol soient retirées fin 2007 (1,2,4).
Aux États-Unis d'Amérique, l'association de consommateurs Public Citizen a présenté à la Food and Drug Administration une pétition demandant le retrait des spécialités à base de dextropropoxyphène, au vu des données du réseau Dawn (Drug abuse warning network), qui a recensé 2 110 décès accidentels liés au dextropropoxyphène entre 1981 et 1999 (5).

France : des décès mais pas de retrait
En France, en 2005, une étude a montré que les Centres antipoison recensent en moyenne 7 décès par an liés au dextropropoxyphène (1). On ne sait pas comment ces Centres ont pu étudier les patients chez lesquels le médicament n'avait pas été suspecté avant le décès, ni comment ont été étudiés les patients âgés, pourtant très exposés, ni comment les notifications de pharmacovigilance ont été prises en compte.
Début 2007, une étude a montré que les intoxications par le dextropropoxyphène semblaient plus graves que celles dues à la codéine, mais moins graves que celles dues au tramadol (6). La Commission nationale de pharmacovigilance a noté les faiblesses méthodologiques de l'étude et a demandé des études complémentaires (6).

En pratique : se passer du dextropropoxyphène
Malgré des décennies de commercialisation à grande échelle, il n'est pas démontré que l'association dextropropoxyphène + paracétamol soit plus efficace que le paracétamol seul. Les décès dus à cette association ne sont pas justifiables. Mieux vaut aider les patients à s'en passer, et à utiliser d'autres antalgiques, en particulier le paracétamol et la codéine.

©La revue Prescrire 1er avril 2007
Rev Prescrire 2007 ; 27 (282) : 274.

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Références
1- Prescrire Rédaction "Dextropropoxyphène associé : retrait du marché suédois" Rev Prescrire 2005  25 (265) : 665.
2- "Dextropropoxyphene". In : "Martindale The complete drug reference" The Pharmaceutical Press, London. Site internet http://www.medicinescomplete.com consulté le 25/01/2007 : 9 pages.
3- Medsafe "Dextropropoxyphene-paracetamol combination products and risk of overdose" Prescriber Update 2006  27 (2) : 21-22.
4- MHRA "Withdrawal of co-proxamol" 17 janvier 2007. Site internet http://www.mhra.gov.uk consulté le 25 janvier 2007 : 1 page.
5- Public Citizen's Health Research Group "Petition to FDA to ban all propoxyphene" 28 février 2006. Site internet http://www.citizen.org consulté le 27 mars 2006 : 11 pages.
6- Afssaps - Commission nationale de pharmacovigilance "Compte rendu de la réunion du mardi 28 novembre 2006'' 30 janvier 2007. Site internet http://afssaps.sante.fr consulté le 21/02/2007 : 14 pages.