Revue Prescrire, article en une, psychotropine (Panaceum°) avril 2003
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Progrès thérapeutique
Psychotropine : un psychotrope polyvalent
 
« Traitement des affections psychologiques et psychiatriques résistant aux thérapeutiques usuelles ». C'est ainsi que l'AMM définit sagement l'indication de ce nouveau médicament. En réalité, même les affections non résistantes y sont sensibles.
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Éditorial

Il y a 19 ans, la revue Prescrire présentait Panaceum° dans le Rayon des Nouveautés du numéro d'avril. De nombreux lecteurs, y compris des relecteurs de la revue Prescrire, s'y sont laissé prendre.
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Alcalo-hétéroside, extrait d'une plante du Haut-Tibet, le panaceum miraculosus Linn. Plante d'ailleurs curieusement utilisée en médecine traditionnelle comme hypnotique seulement (ce qui prouve que, contrairement à ce que pensent certains, nos ancêtres n'avaient pas tout découvert), la psychotropine est actuellement préparée par synthèse.

Cette synthèse est extrêmement délicate et c'est la raison qui est avancée pour expliquer que nos trois laboratoires nationalisés aient dû s'unir pour sa mise au point. Peut-être y a-t-il cependant des raisons commerciales sous-jacentes (cela ne nous gêne pas mais les contribuables - sinon les prescripteurs - aimeraient être tenus au courant) ?

Les premières étapes de la synthèse sont réalisées à la Sanofi, la fixation du dernier groupement CF3 est confiée à Roussel et c'est Rhône-Poulenc qui isole l'isomère optique le plus actif. La psychotropine est apparemment dépourvue de toxicité pour la plupart des espèces animales, sauf pour certains poissons (ce qui risque de poser un problème écologique grave d'ici quelques années car l'épuration des eaux usées paraît très difficile).

Au plan pharmacologique, la psychotropine est active sur la plupart des modèles animaux : test à la réserpine, test à l'apomorphine, souris combattantes, test du désespoir comportemental, etc. (nous reviendrons sur ces tests dans un prochain dossier). Aucun effet par contre sur les neuromédiateurs traditionnels. Un chercheur américain, S. Snyder, a doublé les équipes françaises et vient de mettre en évidence, grâce à la psychotropine marquée, un récepteur spécifique. Ce récepteur, retrouvé dans plusieurs structures cérébrales, ne peut être excité que par l'arrivée simultanée de deux molécules de psychotropine (un peu comme les coffres des banques qui ne peuvent s'ouvrir que si deux clefs sont introduites en même temps).

Au plan clinique, les essais ont été entourés d'un certain secret et par prudence un essai en triple aveugle a été réalisé en collaboration avec des psychiatres belges et suisses.

Tous les résultats sont concordants, une seule prise de 5 mg assure la guérison de la grande majorité des malades.

L'énorme intérêt, pour nous autres prescripteurs, est qu'il ne sert à rien de faire un diagnostic précis. Dès que nous soupçonnons un trouble, majeur ou mineur peu importe ce que cela recouvre, la prescription est la même.

Malgré l'absence à peu près totale d'effets secondaires (pas plus qu'un placebo en tout état de cause et peut-être même moins), il est recommandé de prescrire à titre préventif une association Hydergine° + Tanakan° qui permettrait d'éviter d'éventuels troubles circulatoires. Il est possible qu'un traitement de consolidation ou de rappel soit nécessaire après quelques années, mais le recul est encore insuffisant pour l'affirmer.

Aucun doute qu'il s'agit ici d'un progrès.

©La revue Prescrire 1er avril 2003
Rev Prescr 1984 ; 4 (34) : 2.