Les concepts d'écriture collective dûment référencée, de transparence et de prévention des conflits d'intérêts ont fait leur chemin. Ils sont désormais ancrés dans les modes de pensée. Quasiment tous les acteurs du monde de la santé les appliquent au quotidien.

Catalyseur de cette évolution, internet a bouleversé la donne. Internet n'a, certes, pas complètement supprimé la notion même de marché de l'information, mais les mécanismes à l'œuvre aujourd'hui sont radicalement différents : ils garantissent fiabilité et transparence. Les citoyens avisés du 21e siècle, et parmi eux les soignants clairvoyants, savent qu'ils sont en droit d'exiger la gratuité de l'information, sans contrepartie. C'est désormais au producteur d'information, et non au consommateur, de débourser les modiques sommes nécessaires à son élaboration et à sa mise en ligne.

Les firmes pharmaceutiques, toujours prêtes à faciliter l'accès à leurs informations, ne s'y sont pas trompées. Il y a longtemps que leurs sites internet sont d'accès libre et gratuit. Le domaine de la pharmacovigilance, jadis négligé, est de ce point de vue exemplaire.

Prescrire a mis plus de temps à s'en convaincre. La Rédaction a appliqué ses méthodes habituelles d'enquête, de travail collectif, puis de contrôles de qualité internes et externes. Les conclusions sont apparues très claires.

Dorénavant les Rédacteurs Prescrire se cotisent pour mettre en ligne leurs textes. Les logiciels libres d'écriture collaborative corrigent automatiquement les erreurs. Les performances critiques du puissant réseau international des contributeurs en ligne (alias les "oui qui") écartent efficacement les sources à éviter et les quelques documents qui seraient biaisés. Le vote en ligne permanent détermine à tout instant les sujets les plus pertinents à traiter en priorité pour satisfaire la majorité des soignants, puis établit le hit parade des articles les plus fiables. Les équipes Prescrire de documentation, de promotion, de gestion des abonnements, de rédaction, etc., vivent enfin de l'air du temps, libérées des contingences matérielles.

La liberté n'a pas de prix.

©Prescrire 1er avril 2008
Rev Prescrire 2008 ; 28 (294) : 241.