Revue Prescrire, article en une, Syndrome polyalgique idiopathique diffus, alias fibromyalgie, octobre 2008
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Fibromyalgie
   
Syndrome polyalgique idiopathique diffus, alias fibromyalgie : une affection mal cernée et des traitements décevants.
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Syndrome polyalgique idiopathique diffus, alias fibromyalgie
Rev Prescrire 2008 ; 28 (300) : 763-768.
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Duloxétine (Cymbalta°) : Á éviter aussi dans la fibromyalgie
Rev Prescrire 2008 ;
28 (300) : 730.
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Certains patients, en grande majorité des femmes adultes, se plaignent de divers troubles physiques où prédominent des douleurs musculaires, une fatigue et des troubles du sommeil. Des symptômes anxiodépressifs coexistent souvent. L'ensemble de ces troubles sans explication apparente fait évoquer le diagnostic de syndrome polyalgique idiopathique diffus, alias fibromyalgie.

Le diagnostic de syndrome polyalgique idiopathique diffus est avant tout un diagnostic d'exclusion. Les principaux diagnostics différentiels sont des atteintes rhumatismales du rachis, des maladies inflammatoires systémiques, une hypothyroïdie. À la différence de ces affections, dans le syndrome polyalgique idiopathique diffus, il n'y a pas d'anomalie biologique ou radiologique.

Le paracétamol ne semble pas avoir fait l'objet d'essai clinique comparatif dans ce syndrome. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens n'ont pas d'efficacité spécifique.

Deux essais ayant évalué le tramadol ont montré une efficacité peu importante : dans un essai en moyenne le score de douleur a été de 53 mm versus 65 mm dans le groupe placebo, sur une échelle de 0 à 100 mm. Ses effets indésirables sont ceux des opiacés, notamment les nausées et la dépendance. Les interactions médicamenteuses avec le tramadol sont nombreuses.

Les antidépresseurs imipraminiques ont aussi une efficacité difficile à quantifier. La modeste supériorité à celle du placebo ne persiste pas plus de quelques mois. L'efficacité des antidépresseurs inhibiteurs dits sélectifs de la recapture de la sérotonine (fluoxétine, paroxétine, citalopram) et des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (duloxétine, milnacipran) est encore moins bien établie. La duloxétine a été testée dans quatre essais versus placebo aux résultats peu probants.

L'efficacité de la prégabaline et de la gabapentine, deux antiépileptiques, paraît supérieure à celle du placebo, mais leur évaluation ne repose que sur des essais de brèves durées. Dans un essai de la prégabaline, au bout de 13 semaines, 44 % des patients du groupe prégabaline ont déclaré se sentir très améliorés, versus 35 % dans le groupe placebo. Cependant, les effets indésirables de ces médicaments sont fréquents, et parfois très gênants : somnolence, sensations vertigineuses, nausées, prises de poids, etc. Dans les essais, ils ont conduit à une forte proportion d'arrêts de traitement : 19 % à 33 % au bout de 13 semaines selon la dose de prégabaline.

L'évaluation des traitements non médicamenteux de ce syndrome est en général de faible qualité. Les mieux évalués, acupuncture, exercice physique ont, au mieux, un effet modeste.

En pratique, face à un patient (le plus souvent une patiente) qui a des plaintes compatibles avec un syndrome polyalgique idiopathique diffus, il importe avant tout d'éliminer une pathologie relevant d'un traitement spécifique. Améliorer la qualité de vie passe d'abord par la reconnaissance de la réalité de la douleur, un éventuel accompagnement psychologique, médicosocial et socioprofessionnel. Mieux vaut décider avec les patients si l'efficacité modeste des médicaments justifie leurs effets indésirables.

©Prescrire 1er octobre 2008
Rev Prescrire 2008 ; 28 (300) : 763-768.