Très
tôt, dans les années 1980, la revue Prescrire
a adopté et promu la dénomination commune internationale
(DCI) comme meilleur moyen de penser la thérapeutique
médicamenteuse et de communiquer à son sujet.
Ses lecteurs assidus ont suivi avec elle ce cheminement, en
particulier depuis septembre 1994, quand la rubrique "Rayon
des nouveautés" a adopté le "tout
DCI".
À
la fin des années 1990, le courant en faveur de l'utilisation
de la DCI s'est amplifié. Un "Club DCI" s'est
organisé parmi les abonnés à la revue,
et des contacts ont été pris entre prescripteurs,
pharmaciens et caisses de Sécurité sociale dans
certains départements. Parallèlement, on a lu
et entendu quantité d'allégations fallacieuses,
prétendument "scientifiques" ou "juridiques",
opposées à la DCI. Le Secrétaire d'État
à la Santé de l'époque fit même
déclarer à l'Assemblée nationale que
la prescription en DCI était "exclue".
La
revue Prescrire répliqua par un dossier faisant le
tour complet de la question. Le mouvement s'amplifia alors,
poussant les autorités à accepter de fait la
prescription en DCI, puis à la reconnaître officiellement.
La
prescription en DCI est aujourd'hui partout à l'ordre
du jour en France. L'équipe de la revue et tous ceux
qui ont uvré dans le même sens ne peuvent
qu'être satisfaits de ce succès.
Il
faut maintenant surmonter diverses incompréhensions
dans l'application de cette façon de penser et de communiquer.
Il faut que les universitaires français abandonnent
définitivement les noms de marque des médicaments
dans leur enseignement. Il faut que des séances de
formation permanente, associant médecins et pharmaciens,
soient partout mises en uvre.
Il faut surtout que les prescripteurs refusent de passer d'un
extrême à l'autre : soumission aux firmes
pharmaceutiques et à leurs noms de marque exclusifs,
il fut un temps ; soumission aux caisses d'assurance
maladie et aux mots d'ordre syndicaux sur le "tout DCI",
aujourd'hui.
En
cette période de "victoire" du camp DCI,
chacun doit garder en mémoire que ce qui compte avant
tout est de penser et de communiquer en DCI pour des soins
de qualité. Tout en connaissant les limites pharmacothérapeutiques
de la prescription en DCI.
Penser
et communiquer en DCI est une méthode sérieuse
et intéressante, nécessitant réflexion,
formation, constitution et entretien d'une liste raisonnée
de médicaments usuels, échanges professionnels,
explications efficaces aux malades.
Ce
n'est pas un nouveau catéchisme, résumé
à l'utilisation hâtive d'un logiciel informatique
transformant les noms de marque en DCI.
|