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Origine des troubles psychiques : une information souvent biaisée

La presse scientifique et la presse grand public exagèrent le rôle de la biologie et de la génétique dans les troubles psychiques.

Quelles sont les principales causes des troubles psychiques ? Plutôt biologiques, relevant d’une approche médicamenteuse ? Ou plutôt environnementales, relevant d’approches psychologiques ou socioéconomiques ? La réponse semble faussée par une présentation biaisée des résultats d’études dans les médias.

Des neurobiologistes ont étudié les articles portant sur le syndrome d’hyperactivité avec déficit de l’attention, publiés dans la presse grand public et dans la presse scientifique. Ils ont analysé notamment les articles portant sur une éventuelle origine génétique de ce syndrome, et sur son lien éventuel avec un déficit en dopamine.

Cette étude a montré que la presse grand public surestime nettement la part génétique, ainsi que le lien avec la dopamine. Mais ce biais est d’abord présent dans les articles scientifiques eux-mêmes. En effet, les auteurs ont retrouvé de nombreux biais dans les publications scientifiques : importantes distorsions entre les résultats et les conclusions ; conclusions fermes dans les résumés des études alors que d’importantes limites sont présentées dans le corps du texte ; extrapolations abusives de résultats précliniques présentés comme prometteurs de solutions thérapeutiques ; etc.

Ces biais s’expliquent notamment par le fait qu’il est plus facile de publier dans les grandes revues scientifiques en évoquant des perspectives thérapeutiques, et aussi plus facile d’obtenir des financements de recherche. Ce constat s’étend bien au-delà du syndrome d’hyperactivité avec déficit de l’attention et concerne tout le domaine des neurosciences, notamment les états dépressifs.

Une telle présentation biaisée contribue à privilégier la recherche d’approches médicamenteuses au détriment d’approches psychologiques ou d’actions sur la société. Au risque d’une surmédicamentation peu ou pas efficace, mais cause d’effets indésirables bien réels.

©Prescrire 1er septembre 2012

"Neurosciences : des biais de présentation" Rev Prescrire 2012 ; 32 (347) : 693. (pdf, accès libre)

 
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