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Prix Prescrire 2016

Prix Prescrire 2016 : 3 ouvrages analysés dans la rubrique "Lu pour vous" ont été primés par la Rédaction

PrixPrescrire  Ouvrages présentant un intérêt pour le public
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Ils ne décideront plus pour nous ! Débats sur l'IVG : 1971-1975


Ils ne décideront plus pour nousEn France, la bataille relative à la levée de l'interdiction pénale de l'avortement a été longue et dure. Elle s'est clôturée par le vote de la loi du 17 janvier 1975 autorisant à certaines conditions l'interruption volontaire de grossesse (IVG), dite aussi loi Veil du nom de la Ministre de la santé qui la défendit devant l'Assemblée nationale (1).

Publié à l'occasion des 40 ans de la loi Veil, l'ouvrage "Ils ne décideront plus pour nous ! Débats sur l'IVG, 1971-1975" rapporte la virulence des débats de l'époque et rappelle que ce droit reste fragile, même en France (2). Certes depuis 1975, plusieurs modifications de la loi ont visé à renforcer le droit à l'avortement : allongement du délai avant IVG, ouverture du droit aux mineures sans accord des parents, remboursement intégral, etc. Mais près de 140 centres d'interruption de grossesse ont été fermés depuis 2004. Dans plusieurs pays européens, l'accès ou le droit à l'avortement sont limités ou contestés. 40 % des femmes dans le monde vivent dans des pays qui interdisent ou rendent difficile l'accès à un avortement pratiqué en sécurité.

Après une mise en perspective, l'auteure présente 19 textes, pétitions, articles de presse, discours et prises de position publiés entre 1971 et 1975. Le premier est un "appel" paru en 1971 où 343 femmes, dont des artistes et écrivaines connues, reconnaissent avoir avorté et réclament le droit de disposer de leur corps ainsi que l'accès à un avortement libre et gratuit. Le dernier est la déclaration de Simone Veil à l'Assemblée nationale le 26 novembre 1974.

Entre ces deux moments clés, les textes retenus montrent la fracture au sein du monde médical et de la magistrature entre partisans et détracteurs de l'avortement, fracture qui se reflète dans le débat politique et les prétoires alors que l'opinion publique est majoritairement favorable à l'assouplissement de la loi (a).

Lors du débat législatif en 1974, Simone Veil contournera l'opposition morale à l'avortement en mettant de côté les arguments sur la liberté sexuelle et le droit des femmes à disposer de leur corps. Elle insistera sur la misère et la détresse des avortements clandestins, et sur l'injustice sociale créée par la possibilité pour les femmes plus riches d'avorter à l'étranger (b).

Si l'auteure, militante féministe, a souhaité surtout mettre en avant le combat féministe dans cette histoire de l'avortement, il faut cependant rappeler que bien avant 1971 des médecins, des juristes et d'autres experts défendaient déjà l'avortement. Malgré cette limite historiographique, lire ou relire ces textes importants d'il y a 40 ans permet de mieux comprendre l'évolution du discours sur l'avortement en France et sur la liberté des femmes de « choisir par et pour elles-mêmes ». Les débats sur l'extension ou le reflux de ce droit dans d'autres parties du monde s'en trouvent éclairés.

©Prescrire 6 octobre 2016

"Prix Prescrire 2016" Rev Prescrire 2016 ; 36 (396) : IV de couverture. (pdf, accès libre)

"Lu pour vous. Ils ne décideront plus pour nous. Débats sur l'IVG : 1971-1975" Rev Prescrire 2016 ; 36 (393) : 545-546. (pdf, réservé aux abonnés)

Notes :
a- En 1972, le procès d'une mineure et celui de quatre femmes qui l'ont aidée à effectuer un avortement clandestin eut un grand retentissement. Le Professeur Paul Milliez, médecin catholique, témoigna en faveur d'une évolution de la loi après avoir vu « mourir des dizaines de femmes après des avortements clandestins ». Cependant, en juin 1973, plus de 10 000 médecins, dont 500 doyens et professeurs de médecine, signèrent un manifeste contre l'avortement (réf. 2).
b- Pour éviter que la mémoire douloureuse des avortements clandestins se perde, Xavière Gauthier, universitaire et militante féministe, a recueilli des témoignages de femmes dans un ouvrage intitulé "Avortées clandestines" (réf. 3).

Extrait de la veille documentaire Prescrire.
1- "Loi n° 75-17 du 17 janvier 1975 relative à l'interruption volontaire de la grossesse" Journal Officiel du 18 janvier 1975 : 3 pages.
2- Mailfert A-C "Ils ne décideront plus pour nous ! Débats sur l'IVG, 1971-1975" Les petits matins, Paris 2015 : 160 pages, 9,90 euros. Disponible auprès de l'Appel du Livre.
3- Gauthier X "Avortées clandestines" Éditions du Mauconduit, Paris 2015 : 304 pages, 19,50 euros. Disponible auprès de l'Appel du Livre.